Bon alors là on entre dans le vif du sujet, soit le tome le plus complexe de la série de par sa dimension méta-textuelle plus que poussée.
On dinstingue trois grands axes de lecture, qui bien évidemment ont une logique entre eux :
1 - Un pan de la vie de Victor Reid, écrivain fictif du monde d'Estarcion dont le nouveau roman sera sur l'Ascension de Cerebus et sur les femmes (texte littéraire - fiction)
2 - la suite de l'intrigue principale (BD)
3 - les réflexions de Viktor Davis sur son oeuvre, sa vie et les femmes (texte littéraire - essai)
Là où ça devient complexe, c'est que Victor Reid = Viktor Davis = Dave Sim (en gros).
1 - Victor Reid c'est Dave Sim qui se téléporte dans son oeuvre, qui en parle de l'intérieur
2 - l'oeuvre en question
3 - Viktor Davis, c'est Dave Sim qui parle de lui et de son oeuvre sous un autre nom
Le premier axe est relativement classique et raconte de façon simple les hauts et les bas d'un écrivain qui doute. C'est une nouvelle à la troisième personne qui ne poserait pas de difficulté si elle n'était pas intégrée au reste du bouquin.
Le second axe est formidable dans sa construction vraiment très peu banale. Pour tout dire, ça doit se dérouler sur plus ou moins une heure de temps. Durant cette heure, on a une discussion entre les 4 individus dont on suivait le périple séparément dans les 2 tomes précédents (je vais pas dire qui ils sont, je laisse la surprise... bon allez, il y a Cerebus), discussion bourrée d'informations surprenantes qui remettent certains détails en question ou bien lancent de nouvelles pistes pour la suite (sans trop en dire : Cerebus est hermaphrodite !). A cette discussion agitée succède un combat sans aucun dialogue et sur plus de 60 pages (!) pour terminer d'une façon vraiment très très peu attendue.
Le troisième axe est le plus étrange. On y cite Alan Moore, Jeff Smith ou Rick Veitch, on s'adresse à nous, lecteurs de Cerebus, on alterne des paragraphes de plusieurs pages à d'autres de 5 lignes, à la troisième personne (du point de vue de Viktor Davis) ou à la première (du point de vue de Dave Sim lui-même) jusqu'à ce que les deux individus ne fassent plus qu'un. Il y parle du rapport qu'il entretient avec son oeuvre, ce que représente le statut de créateur dans une société capitaliste et tout plein d'autres trucs super sympas. C'est également dans cette partie que Sim lance les idées qui lui ont valu d'être affublé du sobriquet de misogyne notoire (à raison, y a de quoi s'arracher les cheveux). Il y oppose le comportement masculin basé sur la raison (Male Light) au comportement féminin basé sur l'émotion (Female Void), jusque là rien de très original, mais il pousse ses réflexions très loin en se basant sur des exemples personnels ou de grandes personnalités historiques.
Bref, c'est à lire. Avec avertissement quand même.