David Prudhomme n'est pas un auteur de bd comme les autres. Et Rébétiko (la mauvaise herbe), un de ses derniers albums paru en 2009 chez Futuro nous le prouve une fois de plus. Ce one-shot de 100 pages est tout ce qu'il y a de plus dépaysant.
Scénario : Markos, Stavros et leur amis sont considérés par beaucoup comme de la racaille. Des bons à rien. Mais ces rébètes sont des artistes, qui vivent de leur musique, et qui revendiquent leur liberté comme personnes d'autres. Et quand, en 1936, Métaxas accède au pouvoir en Grèce, ce sont eux les premiers menacés. Le récit, se déroulant sur un jour et une nuit, nous fait arpenter les rue d'Athènes aux côtés de cette "mauvaise herbe". Malgré un nombre de personnages conséquents, Prudhomme réussit à nous immerger totalement dans la vie de ces rébètes, amateurs de haschich et de de franches rigolades.
Dessin : Graphiquement, l'album est très abouti : des personnages expressifs, toujours en mouvement, et des décors d'une intensité rare, notamment grâce à un travail sur la lumière remarquable. Par exemple, les séquences où l'on dansent et l'on chantent sont vraiment représentatives du travail de l'auteur, elles forcent le respect.
Pour : L'ambiance de ce one-shot est à se damner : autant grâce à l'habilité de son scénario que de ses dessins, Prudhomme rend un hommage vibrant aux rébètes de cet époque. Il ne faut pas oublier aussi que les personnages sont inspirés de gens ayant réellement existé, ce qui leur donne une profondeur supplémentaire.
Contre : Des problèmes de lisibilité au niveau de la typographie gâchent un peu le plaisir de lecture. Mais il vaut mieux ça plutôt qu'une police de caractère à l'ordinateur monotone et sans âme.
Pour conclure : C'est tout bonnement un tour de force qu'accomplit David Prudhomme avec cette bd. Dotée d'une forte personnalité, elle mérite son prix "regards sur le monde" du festival d'Angoulême.