Remains
6.3
Remains

BD de Dwyer (2005)

La popularité du zombie dans ces deux dernières décennies est telle qu’on pourrait soupçonner bien des projets d’opportunisme commercial. Pourtant le scénariste Steve Niles n’est pas un suiveur, il a participé à cette nouvelle vague. Son œuvre empreinte d’horreur a abordé de nombreuses thématiques du genre, comme les vampires de 30 Jours de nuit en 2002, plus connu avec son adaptation en film sorti en 2007.


De plus, Remains est publiée en 2004, alors que The Walking Dead, qui va donner au zombie une nouvelle légitimité, n’en est encore qu’à quelques épisodes. Remains apparaît donc comme un titre au début de l'engouement putride, lancé par un scénariste passionné par le genre horrifique. L’hommage à George A. Romero est d’ailleurs assez évident, annonçant même quelques thématiques du Territoire des morts sorti en 2005.


On peut ainsi évoquer une orientation parfois musclée, avec des personnages contraints mais hauts en couleurs : Bennett, un ancien croupier, et Tori, une serveuse danseuse, qui ont échappé à l’épidémie parce qu’ils forniquaient dans une chambre forte, elle lui ayant offert ses charmes contre quelques poudres de coke. Ils se retrouvent donc un Las Vegas envahi par les zombies, dont la stupidité leur permet de survivre en allant chercher des denrées ailleurs, tant qu’ils gardent de la hauteur. Mais ces deux là ne peuvent pas se supporter, surtout Tori qui ne supporte plus d’être coincée avec Bennett.


C’est donc un duo assez atypique, forcé de coopérer, mais dont la situation ne leur plaît guère, chacun ayant ses propres idées sur la question. La suite leur apporte un nouvel personnage, qui va se rapprocher de Bennett, un ajout sans grand relief qui offre une histoire d’amour un peu facile au titre.
Cet ajout au duo est peut-être mal intégré, mais il annonce ce qui était alors pressenti. Les zombies alors stupides commencent à s’organiser, à utiliser des outils ou même à parler. Ils le font en dévorant les plus faibles, tandis qu’une nouvelle horde arrive sur la ville, bien plus aguerrie. La menace alors statique et limitée prend une nouvelle allure, obligeant les personnages à réagir. La tension se resserre, le zombie montre ses dents, dans un crescendo que Steve Niles arrive plutôt bien à gérer.


Kieron Dwyer est aux crayons. Si le dessinateur n’est guère connu, signant quelques épisodes chez Marvel ou DC, son travail ici chez un éditeur indé lui permet de renouveler son style. Le trait est vif, hâtif, assez brut, parfois proche du crayonné car l’encrage ne vient pas arrondir les angles. Ce qui correspond bien au ton un peu rugueux de la bande-dessinée. Les couleurs de Harper Jaten semblent parfois peiner à se contenir dans ce dessin aux lignes pas vraiment claires, mais les teintes dans les sépias cadrent bien avec ce décor désertique et la ville de Reno qui a perdu de ses illuminations et de ses couleurs.


Remains est donc un comic-book qui est plus dans le muscle que dans la suggestion, plus frontal, mais pas pour autant inintéressant. Certaines idées sont critiquables, comme la raison de cette épidémie ou ce roi des zombies, et ce troisième personnage. Mais il y a malgré tout une certaine personnalité qui s’en dégage, à l’image de son duo principal ou de l’évolution du caractère des zombies et la menace qui en découle, bien menées. Le divertissement est bien présent, sans pour autant avoir l’impression d’assister à une histoire de zombie de plus.


La bande dessinée a été adaptée en 2011 en film pour la chaîne Chiller.

SimplySmackkk
6
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le 28 janv. 2021

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