Pour les adeptes de légendes nordiques...
Jean Dufaux est un scénariste reconnu. « Murena », « Barracuda » ou « Conquistador » sont ses dernières séries dans lesquelles j’ai pris plaisir à me plonger. L’auteur possède une capacité remarquable à insérer les arcanes de ses intrigues dans un univers dense et envoutant. Le Rome de « Murena » ou les pirates de « Barracuda » m’ont complètement happé. « Saga Valta », sujet de ma critique, s’inscrit dans un monde nordique et rude. En prélude de l’album, Jean Dufaux évoque sa fascination pour ces légendes islandaises du treizième siècle et indique que cette nouvelle aventure n’est que le premier chapitre de son immersion dans cette mythologie.
L’album évoqué aujourd’hui est le second tome de l’aventure. Sa parution chez « Le Lombard » date du mois de juin dernier. Il ne clôt pas l’histoire comme j’avais cru le comprendre. Le dénouement est annoncé pour le troisième acte. « Elle aimait, oui. Mais dans le déshonneur et la trahison. Jusqu’à mettre le pays à fleur et à sang. Alors, les dieux décidèrent d’intervenir… Voilà ce que raconte la Saga. » Tels sont les mots qui habillent la quatrième de couverture de l’ouvrage. La recette semble être un classique de la cuisine du neuvième. Le fait que la trame s’inscrive dans les mythes nordiques sous-entendait l’aspect conventionnel des enjeux. Cette absence supposée d’originalité ne me dérangeait dans le sens où toute vieille recette cuisinée avec talent se déguste toujours avec appétit.
L’épisode initial m’avait plu. Le chemin jalonné m’intriguait. L’empathie à l’égard du personnage principal était immédiate. Voir son amour pur être interdit pour des histoires de code social est une manière efficace de conquérir l’affection du lecteur. La méthode reste toujours aussi efficace. Valgar développe son aura à travers ses valeurs de noblesse et de courage. Il ne semble posséder aucun défaut mais n’est pas pour autant dénué de faiblesses. Ces fissures consolident son statut de héros légendaire en devenir.
Une des forces, à mes yeux, de cet album est sa densité scénaristique. La lecture ne souffre d’aucun temps mort. Les événements s’enchaînent avec une cadence soutenue et attise avec constance le feu de la curiosité. Mais le déroulement de l’histoire n’est pas assimilable à un tourbillon effréné. La narration alterne des scènes de bataille ou de combat avec des moments plus intimistes et calmes. Sur un principe proche, l’auteur arrive à faire exister à la fois des moments rudes avec des instants plus doux et positifs. Cette grande variété enrichit indéniablement le propos et alimente l’attrait du lecteur pour les aventures de Valgar.
Les dessins participent également activement au plaisir ressenti en découvrant les planches. J’ai découvert le travail de Mohamed Aouamri à travers cette série et ne regrette pas la rencontre. Son trait arrive à développer une atmosphère envoutante. Le dépaysement est immédiat. Dès les premières pages, l’immersion dans ce monde nordique est intense. Que ce soit la nuit ou le jour, que nous nous trouvions en forêt, dans une grotte ou une hutte, chaque moment transpire de cette ambiance de guerriers vikings. C’est avec joie que j’ai retrouvé ce climat ensorcelant.
Pour conclure, je dirai que ce second tome de « Saga Valta » est de bonne facture. Il offre une intrigue dense et captivante. Il pourrait légitimement lui être reproché de manquer d’originalité ou de ne pas révolutionner le genre. Néanmoins, cela ne m’a pas dérangé car le travail fourni conjointement par le scénariste et le dessinateur génère une lecture agréable. N’est-ce pas là l’essentiel ? Je pense que les adeptes d’aventures nordiques et médiévales devraient y trouver leur compte. Ce n’est déjà pas si mal…