Des hommes et des Dieux

J'ai une question pour toi, ami lecteur :
Est-il possible d'avoir lu et aimé le Saint Seiya de Kurumada, mais de malgré tout préférer Episode G ?

Si tu as répondu non à cette question, range ce flingue que je te vois pointer dans ma direction, et laisse moi m'expliquer.

Saint Seiya G est donc une préquelle à SS (hihi, "SS") qui raconte le combat des 12 Chevaliers d'Or d'Athéna contre les premiers dieux de la mythologie, les Titans.
Le récit se concentre plus particulièrement sur Aiolia, fraîchement nommé Chevalier du Lion.

Une histoire souvent boudée des fans de l’œuvre d'origine à cause notamment de son dessin et ses designs un peu spéciaux, mais on y reviendra après.

Episode G a ce premier avantage qu'il est une histoire qui reste totalement accessible même à un lectorat qui n'aurait jamais rien lu ou vu de Saint Seiya, il ne se repose pas sur le fan-service à outrance et développe intelligemment ses personnages et son intrigue, ce qui est assez rare pour être souligné.
Bon, si vous lisez Saint Seiya après avoir lu cette préquelle, les retournements de situations ne vous surprendront plus, mais c'est pas trop grave.

Un autre point qui,à mon sens, rend cette histoire meilleure que son ainé : Les combats sont véritablement épiques !
Alors oui, dans Saint Seiya, les personnages lancent des boules de feu et des éclairs, voire même se balancent des galaxies entières sur la tronche, pour les plus hardcore, mais au final, ce n'est pas très impressionnant car on ne ressent nullement à la lecture toute la puissance et tout le potentiel destructeur qui devraient se dégager des combats, alors que dans G, ça pète de partout, y'a des explosions énormes, des gerbes de sang, de l'épique quoi !

Cet aspect spectaculaire des combats est d'ailleurs accentué par la dimension mythologique que prend le récit : Chevaliers d'Or contre Titans, Hommes contre Dieux.
Génial !
C'est peut-être parce que je suis un amoureux de la mythologie grecque et de ses récits de héros qui défoncent des gros monstres et des divinités maléfiques au nom de l'amour ou de la justice, mais je trouve que Episode G retranscrit bien cet esprit.
Couplons cela avec l'esprit de Saint Seiya, à savoir le courage, l'héroïsme, le sacrifice au nom de la justice, et on a droit à une véritable épopée mythologique, une sorte de nouvelle Titanomachie

Si les Dieux ont le devoir de détruire l'Humanité... alors les êtres
qui ont reçu la vie sur cette Terre ont aussi le devoir de la
protéger. Et quand bien même ce serait la volonté des Dieux, cela justifie que l'on s'y oppose.
- Camus du Verseau, tome 9

Les personnages sont très bien exploités.
Les 12 Chevaliers ont tous une personnalité bien trempée, et ils auront chacun droit à leur moment de bravoure (notamment mon Chevalier préféré, Shura du Capricorne, mais je digresse). Certes, Aiolia est le plus mis en avant, puisque c'est le héros, et seule la moitié des Chevaliers a un rôle vraiment important dans le scenario, mais au moins, cette moitié est bien utilisée. et puis soyons honnêtes, il était impossible pour le scénariste de mettre véritablement en avant 12 personnages en même temps.
D'ailleurs enfin, enfin ! Enfin une histoire de Saint Seiya où l'on ressent à quel point les Chevaliers d'Or sont balèzes ! C'est à se demander, d'ailleurs, comment des gaillards aussi forts ont pu se faire rétamer par des chevaliers de Bronzes ou des Spectres d’Hadès...
M'enfin.
Les Titans sont, je dois bien le dire, les méchants les plus intéressants de l'univers de Saint Seiya. Non parce que je rappelle que les antagonistes précédents se résumaient à 2 objectifs : détruire le monde, ou le conquérir.
Non, içi on a droit à de véritables dieux qui ont perdu leur contrôle de la Terre et chassés aux Enfers par leurs propres enfants, les dieux de l'Olympe, et qui cherchent à revenir pour se venger et retrouver la domination des Humains. Tout le long du manga, on a droit à des questionnements sur ce qui fait la divinité, quels sont les droits et devoirs des dieux vis-à-vis des mortels, et quelle est la place du libre-arbitre de l'humanité face à leurs créateurs.

Alors oui, vous me direz que les dialogues des personnages sont souvent très emphatiques, pompeux, voire prétentieux, inutilement longs et chiants, mais personnellement, je trouve qu'ils se rapprochent de ce qu'on pourrait trouver dans les écrits d’Homère, des longues phrases pompeuses, mais pleines de lyrisme et d'un brin de poésie. C'est loin d'être désagréable, on s'y fait facilement.

Et vous me direz aussi que les dessins par ordinateur de Okada sont peu lisibles en noir et blanc, que certaines planches en deviennent peu agréables à l’œil tant elles donnent une impression de fouillis, et que les chara-designs très bishonen des personnages les rendent ridicules.
Et je vous répondrais sobrement : Ça reste mieux dessiné que le Saint Seiya d'origine !
Héhé !

Saint Seiya G mérite, à mon sens, plus de reconnaissance, Il sait être épique et spectaculaire quand il faut, il sait aussi se montrer touchant et dramatique quand il le faut, il est bien dessiné, bref, c'est un digne héritier de Saint Seiya !