Shangri-La
7.4
Shangri-La

BD franco-belge de Mathieu Bablet (2016)

La construction de l'égo ou génèse d'une BD bancale

Un tome qui cristallise les défauts des précédents.
Je vais essayer de synthétiser les points qui font que je trouve Shangri-la pas spécialement bon, et in extenso, la "méthode" Bablet.




    • et -. Le scénario. Si le prologue peut intriguer, le reste est bien plus anecdotique. Les personnages sont sans relief. Dans tous les sens du terme. Ils sont souvent raides et des prétextes à étaler la sagesse de Bablet sur la page. Souvent les personnages, alimentés par un regard désabusé d'auditeur FranceInterien, auront directement ou indirectement, des réflexions assez subtiles du genre: "le spécisme c'est mal", "j'aime consommer par plaisir", "la femme est objectifiée dans les pubs". Alors en principe tout cela est vrai. Mais qui n'est pas au courant? On en parle chaque jour depuis quelques décennies. Faire l'écho à ce que tout le monde dit est loin d'être une preuve d'anticipation. En l’occurrence l'auteur fait preuve de très peu de nuance, nous sert un monde de style "Wall-e" sorti 8 ans plus tôt. On a l'impression d'être pris pour les perdreaux de l'année.


+plus ou -: le dessin. Le scénario s'accompagne de dessins certes impressionnants mais ... Les personnages assez (hem) inexacts se mêlent à des décors quasiment réalistes. On en sort avec une envie d'exploration qui éclipse l'intérêt pour le reste. Donc on se retrouve entre deux chaises, le regard égaré, et le scénario semble bien anecdotique tant l'image se suffit à elle même. Si Matthieu supprimait toutes ses bulles, je crois que j'aurais mis une meilleure note. J'avoue que ce point est subjectif, mais je trouve cela vraiment inégal! Conceptuellement ça se tient mais ça rend l'ouvrage un peu bancal selon moi.


++ Couleurs. Alors là c'est le gros point fort. Ambiance atmosphérique, contre jour, lens-flare. Wow. Les couleurs nous en mettent plein la vue et atténuent les défauts du dessin, comme évoqué précédemment. Sans couleurs le taf de Bablet perdrait (selon moi) 80 pour 100 de son intérêt. L'homme qui ne se sépare même pas de sa règle pour dessiner un personnage en dédicace, délaisse sa rigidité pour nous offrir de très beaux moments de contemplation.


Conclusion: On ressort de la BD de Bablet comme un consommateur après son menu Big Mac triple Cheese: il y a du contenu, on est rassasiés, il y a tous les éléments qui flattent ton estomac et les enfants en raffolent, mais la digestion ça va être compliqué. J’apprécierais que Bablet nous cuisine une recette plus légère car les ingrédients sont là mais il faut bien les doser pour donner un ensemble équilibré. S'il te plait Matthieu, descends de ton piédestal et prends le temps de nous concocter un plat plus fin la prochaine fois, tu en as les capacités. Par contre l'emballage est nickel et sur ce point chapeau au label 619.


Peut être que l'auteur devrait s'aider d'un scénariste qui valoriserait mieux son travail la prochaine fois? Je pense que pour la SF il faut avoir un minimum d'idées et un regard neuf sur le monde. Mais n'est pas donné à tout le monde de créer une dystopie originale de nos jours. Enfin je dis ça comme ça!


Merci de m'avoir lu!
(PS: si vous appréciez cette critique, je vous laisse le lien vers mon avis sur Carbone et Silicium ici :
https://www.senscritique.com/bd/Carbone_Silicium/critique/229238050

criki
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le 12 oct. 2020

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