Sloth
6.4
Sloth

Comics de Gilbert Hernandez (2006)

Lu Sloth de Gilbert Hernandez, un comic indé (pas en format issues) qu'il avait sorti sans son frère chez Vertigo en 2006. Je le possède depuis pas mal d'années et je ne l'avais pas fini, je ne sais plus pourquoi. Comme dans Love & Rockets et dérivés, on est dans un milieu qui oscille entre le latino-américain et le white trash grunge mais dont il va faire quelque chose de différent.


C'est l'histoire d'un type, Miguel, qui se réveille dans la petite ville paumée où il vit après un coma d'un an. C'est la petite banlieue américaine clichée qu'on retrouve dans les films de l'école de Portland, à la Gus Van Sant ou à la Kelly Reichardt, marquée par l'enclavement, le désintérêt, les pensées suicidaires des personnages. La seule particularité, c'est la présence à proximité d'une citronneraie dans laquelle des corps de personnes assassinées auraient été retrouvés et la présence légendaire d'une sorte de Baphomet qui rôde.


Miguel est pris d'une sorte de mollesse après son coma et on va suivre la manière qu'il a d'accepter son retour au sein du triangle (amoureux ?) qu'il construit avec son meilleur pote, Romeo, et sa copine, Lita, sur fond de garage rock. Mais l'intrigue va partir vers le milieu du titre pour embrayer sur autre chose de plus fantastique.


C'est un bon titre. C'est pas le genre de truc qui t'arrache immédiatement des cris de génie parce que c'est langoureux, assez complexe dans la narration, et plutôt morcelé, il y a du non-dit, les mystères ne seront pas expliqués, et ça implique pas mal d'interprétation personnelle de la part du lecteur.


J'aime beaucoup les influences esthétiques du titre, sa manière d'utiliser un fantastique qui n'a pas besoin de trancher et qui ne racole jamais, son intimité.


Que ce soit au niveau de son personnage qui a presque toujours l'air d'avoir les nerfs sciés, dans la construction de l'histoire, dans le cadre choisi, il y a une poésie de l'hébétement qui est très bien dosée. La réflexion existentielle qu'on peut essayer d'en tirer n'est pas d'une originalité folle, elle est basique dans le bon sens du terme et ne cherche pas à en faire plus. Elle se contente de donner une piste d'exploration du sens au rêve somnolent de la bande dessinée : pourquoi se bat-on, et quand se couche-t-on.


Du bon boulot encore une fois d'Hernandez, même en solo.

S_Gauthier
8
Écrit par

Créée

le 31 juil. 2021

Critique lue 12 fois

S_Gauthier

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