Tu ne le sais pas encore, mais il y a un esprit qui veille sur toi...

La jaquette du premier tome de Soul Keeper (8 tomes en tout) est sobre. Même si Riyon et le titre ont été vernis, elle ne compte pas parmi les plus colorées du marché. Ce n'est pas grave. L'essentiel est ailleurs. Soul Keeper est la nouvelle série de Tsutomu Takahashi ! Je répète : Tsutomu Takahashi (Alive, Sidooh, Blue Heaven...) !


Pour autant, à l'annonce de l'arrivée de Soul Keeper par chez nous, en décembre dernier, j'avais été partagé. D'un côté c'était une bonne nouvelle - cet auteur allait continuer sa route dans notre pays ! ; d'un autre, le synopsis ne m'attirait pas forcément. Des fantômes qui veillent sur les vivants, pourquoi pas. Mais il n'y avait pas d'étincelles pour autant, d'envie particulière. J'attaquais donc la lecture sans être conquis à l'avance. J'ai tout lu d'une traite. J'ai aimé, tant l'histoire que retrouver le dessin de T. Takahashi.


Le monde des vivants n'est pas le seul qui existe. Au-dessus se trouve celui des fantômes, ces esprits qui veillent sur les vivants. Les ténèbres sont en dessous. Retour vers des questions qui me taraudaient quand j'étais petit : et si cela était vrai ? A-t-on un « ange gardien » ? Si oui qui est-ce ? Est-il avec nous en ce moment ? J'aime beaucoup le fait que, dans Soul Keeper, les esprits veillent sur nous tout en étant limité dans ce qu'ils peuvent accomplir pour nous protéger. En plus le fait que les humains ne peuvent (normalement) pas voir l'esprit qui veillent sur eux est intéressant à plus d'un titre : le lien qui les unit est "invisible" ; jamais ils ne se parleront, ne pourront échanger. Si proches et pourtant si loin...


Parfois cela pourrait faire du bien, surtout quand on voit le monde des vivants. Le contraste entre celui-ci - vu du côté du premier ministre japonais - et le monde des fantômes saute aux yeux. Le ciel et la Terre ne boxent pas dans la même catégorie. Plus on descend, plus la réalité qui apparaît semble peu reluisante. Par rapport à l'univers calme où évoluait Riyon on tombe dans un monde de coups bas, d'hypocrisie, de marchandages... Le champ politique ne brille pas par sa moralité (rien de nouveau sous le soleil) et, au départ, on se demande vraiment pourquoi Soichiro Kasuga reste en fonction : premier ministre impopulaire, pas charismatique, menacé de destitution, moqué... Être au pouvoir c'est bien, mais Kasuga ne semble en tirer aucun bénéfice, ne rien faire pour le pays. C'est un personnage marqué, blessé par sa fonction. Isolé, mal en point, buvant trop, sa condition n'est pas enviable. Il apparaît comme un puissant répulsif, pour lui-même comme pour les autres. Un pestiféré avec lequel mieux vaut éviter de s'afficher.


Cela tombe bien : Riyon personne ne peut la voir (au sens propre) ! Le thème de la vision et, plus particulièrement, ce qui est vu et ce qui ne l'est pas occupe une certaine place ici. Ne pas être vu permet de réaliser certaines choses ; et quand le premier ministre se met à voir Riyon (suite à un souci de santé - frôler la mort pour renaître !), un changement va s'opérer. Pour le pire ou le meilleur ? Il faudra lire la suite...


Le premier ministre opère donc une petite révolution. Malgré tout, à la fin du tome, c'est Riyon qui se place comme le personnage à suivre. Les Takahashi's girls ont encore frappé ! Son tempérament, le mystère qui l'entoure (que lui est-il arrivé pour qu'elle meure si jeune, à 18 ans ?)... il suffit de quelques pages pour s'attacher à ce fantôme. On pressent que ses pensées, quand elle découvre sur qui elle doit veiller et la durée de sa mission (moins d'un an et demi, ça passe vite !), ne vont pas se confirmer : elle va avoir du pain sur la planche ! Les embûches promettent d'être nombreuses et dans cette noirceur Tsutomu Takahashi tire sans problème son épingle du jeu. Peindre la souffrance, la malveillance, les calculs... sur les visages des personnages n'a rien d'aisé. L'auteur y arrive sans difficulté et dépeint une atmosphère, une ambiance qui promet de s'alourdir au fur et à mesure, contrastant avec les débuts tout en douceur dans le monde des fantômes.


Côté dessin, la patte de T. Takahashi est là et bien là. Les personnages sont aisément identifiables, pas de confusion mais des visages croqués et qui n'ont rien de lisse. Il y a de la rugosité, des "gueules" qui se présentent à nous. Outre les personnages, l'environnement est représenté joliment, avec un détail suffisant pour ne jamais avoir l'impression du vide. De plus, T. Takahashi arrive à faire passer l'intrusion du fantastique dans la « réalité » par différents jeux qui sont autant d'éléments à repérer.


Finalement, les sept premiers chapitres de Soul Keeper ont rapidement gagné mon intérêt. J'espère que ce sera le cas pour vous aussi ! Des fantômes qui veillent sur nous (mais qui veillent sur eux ?), un monde politique semblable à un nid de vipères, un premier ministre qui se remet en scelle. Le changement est-il pour maintenant ? Rendez-vous en mai pour la suite !

Anvil
8
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Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste Manga/manhua... lus en 2016

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le 22 mars 2016

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Anvil

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