Je connaissais Joe Matt de réputation, d'ailleurs il suffit de regarder les titres et résumés de ses autres œuvres pour cerner un peu le bonhomme ("Le Pauvre type", "Épuisé" où il est question de sa dépendance au porno et à la masturbation).
Et j'étais plutôt enthousiaste car j'aime les auteurs qui se mettent à nu et n'hésitent pas à exposer leurs faiblesses.
Cependant j'ai été très déçu et j'avoue avoir du mal à comprendre le consensus et les avis dithyrambiques pour cette BD...
Tout d'abord la forme : mais que c'est désagréable !
Je ne parle même pas du dessin (moche) car c'est loin d'être un frein me concernant (j'ai adoré certaines BD de Lewis Trondheim qui dessine particulièrement mal) mais plutôt de l'agencement et l'aspect global :
les pages sont surchargées et les cases toutes petites, il y a vraiment un effort à faire pour rester concentré.
Concernant le fond, c'est assez pitoyable : l'auteur passe son temps à se plaindre de ses petits tracas existentiels (culpabilité de sa dépendance au sexe à cause de la religion, problèmes de jalousie avec sa copine, manque d'argent,...).
Mais le problème est que c'est mal fait et je n'ai eu aucune empathie pour ce type, bien au contraire.
Lire quelqu'un de pitoyable se complaire dans le malheur et exposer des détails glauques m'a souvent agacé, voire mis mal à l'aise.
Sérieusement quel est l'intérêt de raconter qu'on bouffe sa morve, se ronge les ongles des pieds, ou bien qu'on pisse dans le lavabo ?
Bref c'est comme cela tout du long, aucune finesse et ce n'est franchement pas super intéressant (au bout de la dixième planche où on le voit s'engueuler avec sa copine car elle en a marre qu'il se branle, ça lasse un peu...).
Encore une fois, habituellement je suis bon client de ce genre d'autobiographie, mais là c'est raté.
Penchez-vous plutôt sur "Whiskey and New York" de Julia Wertz qui est tout en finesse, subtilité et surtout beaucoup d'autodérision, ce qui la rend attachante.