Sumato
7.3
Sumato

BD franco-belge de Renaud Dillies (2004)

Pour les adeptes de musicos amoureux...

Sumato est un ouvrage né de la plume de Renaud Dillies il y a bientôt quinze ans. C’est à l’occasion d’une réédition récente de cette histoire que je l’ai découverte. Je suis tombé sous le charme de cet auteur en lisant le diptyque Abélard. Cette aventure écrite en collaboration avec Régis Hautière est un petit bijou à l’intensité émotionnelle rare. Depuis, je guette chaque nouvelle parution de ce dessinateur au style personnel et original. Il a pour habitude de faire naître des personnages fragiles dans un univers souvent onirique et musical.


Sumato n’échappe pas à cette règle scénaristique. Sumato est un chat de gouttière. Il travaille comme serveur. Mais sa passion reste la musique qu’il partage avec son meilleur ami Herbie, un lapin taciturne. Les deux acolytes arpentent les bars de la région. Leur quotidien est chamboulé quand ils reçoivent une invitation pour un festival. Herbie y voit l’occasion de quitter la routine et la grisaille du quotidien, Sumato y voit lui une opportunité de recroiser le chemin d’une chanteuse dont il est tombé éperdument amoureux dès le premier regard…


Les personnes qui ont déjà eu l’occasion de se plonger dans la lecture d’un ouvrage signé par Renaud Dillies risquent de ressentir un sentiment de « déjà lu ». Sumato est un personnage petit et discret qui ne s’épanouit réellement qu’avec son instrument. Il tombe amoureux d’une fille apparemment inaccessible. Il est près à traverser le monde pour la retrouver. Sur son périple, il est accompagné d’un compagnon à l’apparence bourrue mais qui cache un grand cœur. Tous ces thèmes sont exploités dans quasiment l’intégralité des histoires mises en image par cet auteur. Cela a un certain charme car le lecteur se blottit à chaque fois dans un cocon qui lui est familier et agréable. A l’inverse, cette trame quasi systématique rend la lecture prévisible et moins captivante à chaque fois. Certes Sumato n’aurait pas souffert de ce défaut si je l’avais lu lors de sa première parution. Mais mon constat est ainsi, Renaud Dillies nous écrit un petit peu toujours la même histoire…


Néanmoins, cela n’empêche pas la lecture d’être agréable. Les deux personnages principaux son attachants et on suit leur périple avec intérêt. L’empathie ressentie à leurs égards rend le lecteur soucieux de la réussite de leurs quêtes. Le fait de suivre en parallèle le devenir de la jolie Sally, élue du cœur de notre héros offre un attrait supplémentaire à la trame. Cela permet de ne pas réduire la jeune femme à son image de chanteuse inaccessible. Comme souvent chez Dillies, la richesse de l’album réside dans les rencontres et les événements qui agrémentent le « road trip » des deux amis. L’auteur possède un vrai talent pour créer ces moments-là qui font sourire bien souvent. C’est encore le cas dans cet opus.


Mais la vraie particularité de l’œuvre de Renaud Dillies est que sous des apparences colorées et de contes de fée, la douleur fait souvent une apparition qui ne touche le lecteur profondément. Au gré des albums de sa bibliographie, la tromperie, le deuil, la tristesse, le malheur ou la dépression ont régulièrement accompagné ou croisé ses personnages. L’apparition récurrente de ses sentiments offre une intensité à la lecture assez prenante. Il s’agit parfois de petites touches, à d’autres moments il s’agit de coup de point émotionnel qui laisse le lecteur groggy. Je me garderai de vous en dire davantage sur cet aspect scénaristique de Sumato. Mais la capacité que possède Dillies à naviguer entre un idéal « Bisounours » et la dureté de la réalité est une vraie caractéristique de ses écrits.


Je ne peux pas conclure ma critique sans évoquer le trait si particulier de cet auteur. Je dois bien avouer que je suis totalement subjectif quand j’évoque son style original. Je ne possède pas le vocabulaire pour le mettre autant en valeur que je le souhaiterai. Je dirai que son dessin tout en rondeur offre un côté féerique, dépaysant et très sensoriel à la lecture. Bien que Sumato soit un ouvrage qui commence à dater, cela ne l’empêche pas d’être habité par la magie graphique de son auteur…


Pour conclure, Sumato s’inscrit parfaitement dans la lignée de la bibliographie de Renaud Dillies. Il est le fruit de la même recette que d’habitude et possède les mêmes qualités que ses précédents albums. C’est rassurant mais cela l’empêche de se démarquer des autres opus. Bref, une lecture agréable et sympathique qui permet de passer un bon moment. Ce n’est déjà pas si mal…

Eric17
6
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le 20 août 2018

Critique lue 68 fois

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