Survivre au collège ! - Sasha, tome 1 par mavhoc
Après Génération Mal Logée qui racontait les galères d'une jeune étudiante pour trouver un logement, Sasha, la nouvelle BD de Yatuu s'intéresse à la vie d'une collégienne éponyme qui doit affronter les brimades de ses camarades de classes.
Sasha est garçon manquée, rouquine et pas forcément très sociable, ça va suffire pour que tout le monde lui tombe dessus et cherche à lui faire du mal. Des insultes, des coups, des menaces, de l'exclusion, bref Sasha n'est pas très aimé. Heureusement, elle dispose d'une forte volonté, de ressources et d'une envie de ne pas se laisser faire qui vont l'aider pas mal. Sans compter que sur plusieurs blagues Yatuu va assumer de lui donner des sortes de pouvoirs spéciaux, comme aller plus vite que la lumière.
A travers ce premier tome on voit donc comment Sasha tente de s'opposer à l'exclusion, comment elle cherche à survivre au collège. La BD est malicieuse plus que comique, bien qu'on sourit plusieurs fois on n'est pas pour autant totalement pris par l'humour.
De la même manière on ne sait pas très bien si il y a, ou non, une progression dans l'histoire de la BD. Légèrement semble-t-il, mais pas beaucoup plus. Enfaite, ce tome respire "l'initiation". Yatuu ne cache pas d'ailleurs qu'elle espère écrire la suite. On peut imaginer avoir d'autres idées plus fortes ensuite.
Car, finalement, la force de la BD est aussi sa faiblesse quelque part. Pour pouvoir mettre "n'importe qui" à la place de Sasha, on oublie la réelle discrimination. On en invente. Sasha n'est pas homo, d'origine étrangère ou religieuse. Non, sa différence c'est sa couleur de cheveux et son côté garçon manqué. Je veux bien croire qu'il y ait un "racisme anti-roux" (vous me croyez ou non mais j'ai découvert ça qu'à partir de 18 ans, dans mon collège et mon lycée les rouquins étaient tous des beaux gosses et les rouquines faisaient baver tout le bahut), mais ça semble légèrement exagéré.
Le conditionnement féminin est cependant mis en avant grâce à l'idée que si une femme ne met pas en avant ses atouts féminins (fesses et poitrine) alors c'est forcément une lesbienne (avec une vision très caricaturale). Là aussi, ça saurait été intéressant plus tard.
Malheureusement, pour le moment, on se dit que si cette "transparence" et cette neutralité permet effectivement de s'identifier rapidement, ça esquive totalement une profondeur qui aurait pu être plus intéressante. Forcément, l'exclusion à cause du racisme ou de l'homophobie aurait été nettement plus prometteur mais moins libre.
De la même manière, l'aspect parfois irréaliste de certains gags, au milieu d'autres qui sont proches de la réalité, font qu'on est un peu perdu entre ces deux types d'humours et qu'on a du mal à avoir un sentiment d'empathie. Chose regrettable quand on voit que c'est le moteur, finalement, de ce genre de BD.
A côté de ça, au niveau graphique, c'est plaisant, le style de Yatuu me plait beaucoup même si je regrette une caricature à l'extrême des collégiennes. Je pense même que c'est, en terme purement graphique, sa BD la moins réussie. Je le regrette un peu, sachant que, de toute manière, j'aime beaucoup le style de Yatuu, je suis un véritable fan.
Pour ce qui est de la mise en page, c'est globalement bon, même si parfois Yatuu s'étale et qu'elle met deux pages là où une seule aurait suffit. On perd, honnêtement, une dizaine de page au final. Yatuu aime faire des grandes cases voir les espacer et prendre son temps pour décrire toute l'évolution des actions. Résultats, c'est vraiment un soucis à mon sens car on perd de la place et donc du développement. D'autant plus que même si on a pas mal d'histoires et qu'on est pas trop sur sa faim, on se dit qu'un tout petit peu plus n'aurait pas été un mal.
Premier tome de Sasha, bien que n'étant pas une réussite totale, c'est pas non plus un échec. C'est plaisant. Si on accroche avec Yatuu, on va vraiment aimer. Sinon, c'est prendre un risque, mais pas forcément excessif. Je dirais (et ma note doit le faire sentir) que c'est un peu "chacun voit", selon son coup de coeur et son empathie avec le récit. Certes, c'est pas grandiose mais c'est pas un navet, c'est vraiment un juste milieu.
J'espère, cependant, voir un Sasha tome 2.