Prologue sexy

Les personnages de Guillem March sont toujours sensuels, sexy, modernes. De vrais fantasmes. Qu'il dessine Catwoman ou une agent d'artistes / chasseuse de têtes, on sent le plaisir que prend son crayon à souligner les courbes de ses héroïnes (mais aussi à sexualiser ses héros masculins). On retrouve ainsi dans The Dream l'identité visuelle, voire l'atmosphère de la BD Monika (scénarisée par Thilde Barboni), qui était un thriller sensuel et psychologique, confinant au cyberpunk. Même chose dans cette histoire de Jean Dufaux, en remplaçant le cyberpunk par le fantastique.
C'est donc séduisant et prometteur ; maintenant, le scénario reposant beaucoup sur la beauté des personnages, cela donne à l'histoire une cohérence fond-forme mais cela la rend aussi un peu creuse.
Car pour l'instant, si le fantastique est bien présent, il n'est abordé qu'en surface. On n'en sait pas beaucoup plus sur l'univers de "The Dream" ou les réelles motivations de certains personnages à la fin du tome et l'on reste sur sa fin. Notamment vis à vis de la narratrice, qui mériterait d'occuper une place plus importante dans l'intrigue.

Ainsi, 10 pages supplémentaires n'auraient pas été de trop. Ou alors, développer l'intrigue principale en mettant de côté un ou deux personnages secondaires dont l'arc scénaristique n'a qu'un intérêt discutable (notamment l'homme de main borgne qui traque un autre homme de main travaillant pour un troisième personnage secondaire... pendant qu'un autre homme de main surveille le héros (!)... ou bien on appelle la BD "Henchmen" et le tour est joué...).

En conclusion, les personnages et le background demandent à être développés, mais ce "Jude" peut tout de même se lire comme une histoire certes pas particulièrement originale mais atteignant sa propre conclusion, et c'est déjà une bonne chose.
Et si le tome 2 s'attache à suivre et développer les mêmes personnages, alors l'ensemble pourrait se révéler vraiment intéressant.