"Gardez-vous des faux prophètes. Ils viennent à vous en vêtements de brebis, mais au dedans ce sont des loups ravisseurs."
Pour ce qui concerne les vêtements de brebis, les décors et la photo de Brimstone sont immédiatement séduisants de réalisme. Les paysages sont magnifiquement filmés, au fil des saisons, et l'on se croirait dans un Clint Eastwood de l'époque Pale Rider ou Impitoyable. Dakota Fanning est lumineuse et charismatique, et Guy Pearce semble camper son personnage diabolique comme si c'était sa seconde nature.
Problème : le loup Martin Koolhoven fait dans la rétention... et la surenchère. La surenchère sadique de la rétention.
Le film révèle la face diabolique de son antagoniste dès les 10 premières minutes... et il dure 2h20. 2h20 de beauté visuelle, donc, mais surtout de souffrance psychologique, qui finirait presque par en devenir comique.
Le grand-guignol n'est pas loin dans la dernière partie, et si l'on commence dans une atmosphère de gothique sudiste à la Faulkner, on termine à la limite du film d'épouvante avec un croquemitaine qui a fait main basse sur la salle de montage, et un Guy Pearce qui se craque et nous sort une mauvaise imitation de Roy Batty.
C'est jusqu'au-boutiste et légèrement décevant dans ses 10 dernières minutes. Vu la rapidité du récit dans sa première partie, le film pouvait sans doute tenir parfaitement la route en 1h40 au lieu de 2h20.
Autre bémol : le casting de l'un des personnages principaux. Des parents bruns, une fille blonde... une teinture, c'est pourtant vite fait, et ça renforce la suspension d'incrédulité (cf. le tutoriel de Carice Van Houten dans Black Book). Et une jeune fille qui entre 14 ans et 19 ans change de couleur d'yeux, de forme de nez, en somme, de visage... bref, peut mieux faire dans le choix de l'actrice.
Le manque de subtilité de Brimstone peut donc mettre en boule,
d'autant que la "vengeance" tant annoncée n'est pas forcément à la hauteur,
mais sa beauté formelle ne peut laisser de marbre.