Je n'avais pas gardé un souvenir très posifif de cet album, sans doute à cause de ces méchants affublés d'un mini short, ce qui, à n'en pas douter, renforce leur charisme lors de promenade dans les bois. Et pourtant il s'agit là d'un bon album.
L'histoire est fichtrement bien rythmée, entre mystère, action et révélation, le tout soupoudré d'une délicieuse touche d'humour et d'une ambiance baba cool bien décomplexante. C'est aussi l'occasion pour l'auteur de renouer avec les personnages inventés par ce cher Franquin ; disons-le de suite, c'est fait avec brio. On pourra peut-être reprocher une surutilisation de Zantafio, ce qui le décrédibilise fortement : comment passer de commandant en second de Zorgland à malfrat de seconde zone puis de nouveau à chef d'une révolution. Surtout en si peu de temps. Quant à l'intrigue, elle comporte quelques incohérences, notamment liées à cette invention si peu crédible, mais ça n'empêche pas le lecteur de s'éclater.
Graphiquement, c'est vraiment très beau. Dès la couverture on comprend que Fournier est capable de belles petites choses. Son trait est très fluide, ce qui ne surprend pas puisqu'il aura tout appris de Franquin. mais là où le poète breton se démarque, c'est par ses ambiances, son jeu d'ombre et de lumière et surtout son découpage un poil plus audacieux.
Enfin, notons que pour la premièrer fois, Spirou, le soi-disant célibataire endurci, tombe amoureux. Ce sera rectifié puisque par la suite seul Fantasio cherchera à conquérir la jolie Auroréa, mais cette fin prouve bien que le petit rouquin a une quéquette et qu'il se paluche certainement à ses heures perdues.
Bref, un très bon cru, Fournier parvient à délivrer une histoire intéressante et un graphisme léché.