Tsukikage Baby
7.8
Tsukikage Baby

Manga de Yūki Kodama (2013)

Elle danse, elle danse, cette jeune fille nimbée de mystère...

Vous étonnerais-je beaucoup si je vous disais que le nouveau bébé de l'auteure de Kids on the Slope est, une fois de plus, une merveille ? Peut-être n'en ai-je pas l'air, mais si je fais pleuvoir mon admiration pour cette auteure depuis des années déjà, c'est bien parce qu'il y a un incroyable talent là dessous. A nouveau munie de son atmosphère nostalgique délicieuse, Yuki KODAMA envoûte son lectorat, autant que ses personnages sont empêtrés dans une passion dévorante...


Comme avec sa précédente série, Yuki KODAMA nous propulse dans un petit village de province, ici dans le présent, mais où le temps semble avoir arrêté sa course, afin d'observer une petite bande de jeunes lycéens, préparant corps et âme un spectacle de owara. Si cela paraît être, de prime abord, qu'un élément secondaire à l'intrigue, nous nous rendons bien vite compte de l'importance de cet art pour le récit. C'est par ce biais que des liens vont se créer entre Hotaruko, timide et renfermée, Saeki, un bouillonnant lycéen qui va beaucoup s'intéresser à la jeune fille, mais aussi par la suite Madoka, musicien, puis Rio, moins peste qu'elle n'en a l'air. C'est vraiment avec cette danse que les personnages se révèlent, bougent et évoluent. Je ne connaissais personnellement pas l'owara, mais la représentation qui en a été faite m'a éblouie. C'est un art très beau (il suffit de regarder des vidéos sur le net pour se rendre compte de la précision avec laquelle l'auteure a dessiné ces scènes) contenant également sa part de mystère, à l'instar de ces "chapeaux" couvrant le visage des danseurs. Un mystère que l'on va retrouver en la personne de Hotaruko, qui semble être l'incarnation même de la danse, belle et secrète...


A côté de cela, Tsukikage Baby dépeint le quotidien d'une jeunesse comme les autres, avec ses coups de coeur, ses jalousies et ses sentiments à fleurs de peau. On ne s'étonne ainsi pas de voir se tisser des liens romantiques très rapidement entre Hotaruko et son "professeur" de owara, Saeki. Celui-ci semble en effet avoir été foudroyée par la beauté de son amie, mais garde ses réserves dans un premier temps. Cette dernière a, en revanche, le coup de foudre pour un homme que Saeki considère comme un membre à part entière de sa famille. Oui, je vous vois lever les yeux au ciel : "encore un triangle amoureux !", vous dites-vous. Je trouve personnellement que ce dernier est très bien agencé. Il ne prend pas une place prédominante sur le récit et s'installe avec douceur et discrétion, au rythme où notre héros se rend compte de ses sentiments naissants. Toutefois, une grande part de mystère subsiste entre ce trio, les empêchant de se réunir réellement. Madoka et Hotaruko semblent liés par un secret familial pesant (il est de mon avis que [spoiler] Madoka était en réalité très amoureux de la mère de Hotaruko, surement décédée et ne peut donc pas s'empêcher de se rattacher à sa fille), qui ajoute une aura particulière au manga.


Pour le reste, cette ambiance parfois pesante est contrebalancée avec une bonne humeur palpable. Il fait bon que de suivre ce groupe de lycéens, souvent amusants et sincères. C'est difficile à l'expliquer avec des mots, mais je me suis immédiatement attachée à eux. Je trouve que Yuki KODAMA a vraiment du talent pour nous faire aimer ses héros, à partir de trois fois rien. Ils n'ont rien d'extraordinaire, ils sont maladroits et c'est justement pour cela qu'on s'intéresse à eux. Saeki en est l'exemple parfait : c'est un lycéen tout ce qu'il y a de plus banal, mais son dévouement pour l'owara et pour sa camarade, sa sincérité et son amour pour Madoka le rendent touchant, à sa façon. Ce dernier est d'ailleurs un personnage qui m'a beaucoup fasciné. Il a tout l'air d'un adulte responsable, mais une grande fragilité, un air enfantin ressortent lorsqu'il se retrouve nez à nez avec la lycéenne. Je serais vraiment curieuse de connaître un peu plus en détail son passé qui, je n'en doute pas, saura me toucher en plein coeur. La maladresse de Hotaruko est plaisante, car elle se révèle souvent totalement différente de l'image qu'elle renvoie. La petite dernière Rio, est moins présente mais son franc-parler est séduisant.


Je succombe une fois de plus au trait de la mangaka. Il est très gracieux, fluide et précis. Ses personnages semblent basiques, mais elle parvient parfaitement à passer leurs émotions au lecteur.


Je veux retrouver ce titre dans nos librairies françaises ! Si vous vous penchez sur l'oeuvre, vous ressortirez surement avec ce sentiment également, tant Tsukikage Baby se montre intéressant et attachant. Il a cette ambiance joyeuse et cette touche mystérieuse qui nous amène facilement à penser, dès les premiers volumes, que l'on est face à une très bonne série.

Manga_Suki
9
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Créée

le 17 févr. 2017

Critique lue 237 fois

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