Raphaël, à la veille de ses quarante ans commence à peine d’organiser sa vie : une jolie copine depuis peu, un nouveau boulot, stable, grâce à elle. Lors de la soirée surprise organisée par son amie, devant tous leurs amis, il reçoit une vidéo de ses vingt ans, et l’invitation de Marie.
Jim ouvre son récit sur quelques pages qui semblent clore son histoire. Un suicide, un départ. Une ambiance de jour naissant aux couleurs splendides. Avant de virer à la grisaille de la région parisienne, douce et nuancée, quelques jours plus tôt. L’intelligence de susciter la curiosité se confirme dans le montage général du récit : le temps passe lentement et point de Nuit à Rome, quelques survols pour raccord sur toits de la Toscane à Paris via le Colisée. Il est ici question du chemin, de ce qu’un homme de quarante ans regrette de sa jeunesse, de ses espoirs. Il suffit d’un rien, un souvenir : « ça a tout réveillé, ma période beaux-arts, mes peintures, la vie que je rêvais d’avoir… bref, tout ce que j’ai mis de côté pour avancer… » Raphaël continue de vivre son quotidien comme il est prévu, mais Marie le hante. À chaque instant. Longues journées.
Si le dessin est agréable, il n’est pas extraordinaire, quelques portraits mis à part – un gros plan de Marie notamment, profond regard Milo Manara. Ce sont les couleurs avant tout qui rehaussent la qualité visuelle des planches et mettent en valeur paysages naturels et urbains.
Premier tome agréable.
Surtout pour les interrogations et les doutes, le subtil chamboulement du quotidien de son personnage. Pour l’écho d’incertitude universel y qui résonne. Le choix du chemin.
Matthieu Marsan-Bacheré