Au Sénégal, la lutte est encore plus populaire que le football. « Yékini, le roi des arènes » braque les projecteurs sur ce sport méconnu. Inspirée de personnages et de faits réels cette bande dessinée à reçu le prix de la révélation au dernier festival d’Angoulême.
Les trois personnages principaux ont un but commun, devenir le roi des arènes. Un combat suffira pour sceller le destin de ces lutteurs. Chaque athlète se bat pour des motivations différentes, notoriété, revanche familiale, honneur du village. Tous se créer des personnages, par exemple Tyson, lutteur made in USA, qui avant un combat, transforme le « Tuss » (genre de Haka traditionnel sénégalais) en clip de Thriller de Michael Jackson.00-ll_cx-yekini-extrait_02
Un dessin brut en noir et blanc ainsi que quelques photos donnent un aspect brutal et authentique à cette bande dessinée.
Les deux auteurs nous plongent dans une Afrique que nous connaissons assez peu. Une Afrique où le mystique fait partie de la culture. A tel point que chaque lutteur a son propre marabout qui fait boire des potions magiques à son poulain et qui lance des sorts à son adversaire. Une page de l’Histoire contemporaine du Sénégal se tourne autour de ces athlètes, plus ou moins manipulés politiquement afin de gagner l’opinion publique.
Mais en fin de compte, on devine que derrière un bel hommage adressé à la lutte sénégalaise, c’est un superbe pamphlet contre l’influence des médias et la politisation du sport. Lisa Lugrin et Clement Xavier alternent entre des planches de combat magnifiques et les diatribes des publicitaires et agents qui cherchent le profit sans aucun intérêt pour le sport en lui-même. Chef-d’oeuvre de réalisme et d’intelligence, c’est une bande dessinée à côté de laquelle on ne peut passer.
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S.P