Issu d'un topic "rentrée des classes" avec plein d'extraits et de héros bien connus : http://branchesculture.com/2017/09/19/rentree-scolaire-selection-bd-titeuf-zep-ducobu-leonie-gratin-zidrou-godi-le-petit-spirou-momo-garnier-hotin/
On commence en force avec un gamin dont la mèche est inusable depuis 25 ans. Cela valait bien un quinzième album. Mais si la série se fait longue et que certaines perdent en qualité (ce serait bien normal après 650 planches), Zep a toujours de belles et grandes idées derrière la tête pour empêcher de ronronner et crier son incroyable vitalité. Après avoir fait un tour en adolescence, Titeuf semble s'être rendu compte qu'il ne serait jamais grand et que cela vaut mieux.
Car oui, le monde des grands n'est pas forcément enviable. Et si le jeune trublion du Neuvième Art n'oublie pas de vivre son rêve d'enfant, à la poursuite de l'amour fou non plus avec Nadia mais avec Ramatou, les problèmes d'adultes et d'actualités ne peuvent s'empêcher d'entrer en collision avec son univers fait de fautes d'orthographe et de bêtises en tout genre.
Passé une première planche où Zep emprunte avec brio un format bien connu des réseaux sociaux (avec un Titeuf tel que vu par les filles, la maîtresse ou encore Romuald-le-gros-QI), le génial auteur enchaîne avec la maestria qui le caractérise des gags qui ne vont avoir de cesse de se rapprocher de notre époque, au juste-au-corps de problèmes devenus chroniques. Au coin de la rue, c'est dans une manifestation Anti-IVG (pour ivégétariens ?) que Titeuf se retrouve avec Manu et Hugo. Mais ce n'est pas tout, il y a aussi des petits nouveaux à l'école qui pourraient bien être des... migrants. Kézako ? Et ces pétitions qu'il piétine de toute son insouciance mais qui visent à sortir du nucléaire ?
De plein fouet, ce petit tricheur de blondinet va aussi faire les frais des pédophiles du net, ceux-là qui sous le pseudonyme de Bossdémaths veulent bien lui fournir les réponses à ses devoirs en échange de photo de son "zizi". Sans parler de la gare où sa mallette abandonnée a dû être détruite par la sécurité anti-terroriste, de quoi lui donner une bonne excuse (la seule) pour arriver en retard à l'école.
Sans jouer les grands moralisateurs mais amenant, sous prétexte du comique de situation, de vrais beaux sujets à débattre en famille à l'heure du souper, Zep joue pleinement et avec efficacité sa carte d'auteur de son temps, d'éveilleur de conscience même chez les plus petits. Cela ne l'empêche évidemment pas de distiller une parodie de Harry Potter hilarante, une déconvenue nudiste à la piscine et les révisions pour la prochaine... boum.
Et dans notre coeur, ça fait justement boum car à travers le prisme de l'enfance et de l'humour pétaradant, Zep n'a pas fini de scruter les inquiétudes de ces contemporains et de les décomplexer tandis que Laurence et Bruno "Nob" Chevrier (le papa de Dad) y mettent les couleurs exactes. Résolument, on peut rire de tout, peut-être pas avec n'importe qui mais avec Titeuf, sans souci !