À Vancouver (province canadienne de Colombie-Britannique), un homme d’origine asiatique comme son physique le souligne (voir l’illustration de couverture), commence une journée difficile en faisant comme il peut pour échapper à quelques mini-catastrophes. Mais comme le titre le laisse entendre, d’autres catastrophes plus graves l’attendent.


Le premier des cinq chapitres nous présente cet homme dans plusieurs situations où il fait son possible pour se montrer agréable, correct et serviable. Ceci dit, à sa façon de régler le problème auprès d’un pigeon blessé qui s’agite désespérément dans le caniveau, on sent que notre homme n’est pas un anonyme comme les autres. D’ailleurs, son physique de costaud le distingue déjà. De retour chez lui, on le voit extirper un objet de type clé USB d’une cache sous des lattes de son plancher. En fait, connecté sur son ordinateur, l’objet lui permet d’accéder au dark web où, sur un site où il utilise le pseudo de Blue Jackal il prend des ordres auprès de Monsieur Oak son contact. On comprend que Blue Jackal est tueur à gages et que notre homme vient sur le dark web pour faire le point sur son contrat en cours, vérifier son statut et éventuellement rendre compte de son avancement. Mais la suite va nous montrer que les choses ne sont pas aussi simples que cela. La visite à sa mère dans une maison de retraite (la façon dont cela se passe) nous met la puce à l’oreille. De plus, la situation va sérieusement se compliquer avec le contrat en cours. En effet, s’il vient se connecter, c’est qu’il a été confronté à une grosse surprise. Dans la villa où il venait trouver une certaine Mary Sullivan, il a découvert un jeune couple (Mary Sullivan et son compagnon ?) tous deux morts assassinés et torturés. Sur son écran, il constate qu’au nom de Mary Sullivan, il est indiqué que le contrat a été exécuté par… Blue Jackal. Il découvre aussi qu’on lui propose un nouveau contrat, qu’il accepte. Mais, quand il arrive sur place, il réalise qu’un collègue l’attend. Celui-ci lui explique que le contrat du jour doit être effectué conjointement. Pour seule justification, il dit que Monsieur Oak est également son ami. Leur cible est une jeune femme répondant au nom de Neva Romero. L’ordre de mission précise qu’elle doit mourir comme elle a vécu (sous-entendu, de façon violente) et que la police ne réagira pas. Bien entendu, les choses ne vont pas se dérouler comme on pourrait s’y attendre…


Dans son genre, une réussite

Scénarisé par Rick Remender et dessiné par André Lima Araújo (traduit par Benjamin Rivière), ce comics annoncé en deux tomes se situe dans une mouvance aux caractéristiques bien définies, avec relativement peu de dialogues mais beaucoup d’action, un scénario aux multiples rebondissements (chaque chapitre en apportant de nouveaux), un peu d’humour, quelques bizarreries de comportement et des personnages qui n’ont pas froid aux yeux. Ici, le dessinateur se montre doué pour faire sentir le mouvement et le scénario met en valeur quelques manifestations d’émotions, pas seulement la surprise ou l’agressivité, mais aussi des gouttes de sueur à cause de l’angoisse et le cœur qui s’emballe avec le stress. L’organisation générale des planches (vignettes de tailles et formes variées selon les besoins, dialogue absent quand inutile, etc.) sert également un ensemble bien réussi dans son genre. Mais il ne faut pas en attendre autre chose qu’une BD d’action sur une trame de thriller, avec des temps forts hauts en couleurs et des personnages qui évoluent dans des milieux troubles. Petite réticence quand même vis-à-vis du titre qui semble tirer vers l’apologie de la justice expéditive personnelle, avec toute la violence qui l’accompagne (que le scénario assume). Cela est contrebalancé par un dessin élégant et séduisant, bien mis en valeur par les couleurs (dues à Chris O’Halloran), avec en particulier de beaux contrastes entre une atmosphère globalement sombre (à l’image du scénario), et des endroits lumineux. Et puis, cette BD est construite de manière très cinématographique (cadrages, enchainements), ce qui renforce l’effet de séduction qu’elle exerce, notamment par de nombreux détails qui retiennent l’attention. On attend quand même le deuxième tome (sortie annoncé le 24 mars 2023) pour évaluer le degré d’adéquation entre le titre et son contenu (de quelle vengeance s’agit-il et en quoi peut-elle se justifier si légitimement ?), car avec ce premier tome (128 pages non numérotées), légitimement, de nombreuses questions se posent.


Critique parue initialement sur LeMagduCiné

Electron
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le 22 mars 2023

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