Shoya Ishida, élève d'école primaire, est ce que l'on peut appeler (excusez mon vocabulaire) un petit merdeux . Terreur de la classe qui cherche toujours à s'amuser, il n'hésite pas à bizuter ses prochains sans aucun remords, et comme c'est l'école primaire, ses camarades ont tendance à le suivre. Le jour ou Shoko arrive, (très) malentendante, mignonne mais ayant toujours un train de retard sur les situations qui l'entourent, Shoya se sent obligé d'en faire son souffre douleur, et dépassera certaines limites. Shoko devra changer (encore) d'école et notre petit merdeux va devoir faire face à ses responsabilités : il commencera à son tour à se faire persécuter étant désigner comme seul responsable et le professeur ne lui apportera aucun soutien ce qui va lui ruiner une partie de sa jeunesse. Cinq années passent, Shoya prend conscience de l'étendu de ses actes et décide de s'excuser auprès de Shoko qui ne semble pas lui en vouloir. Il décide ainsi de consacrer sa vie à l'aider à surmonter son handicape et à se racheter auprès d'elle.
Là ou on pourrait penser à une œuvre traitant majoritairement du handicape, l'auteur aborde notamment les relations sociales dans un Japon très conformiste, ou le moindre handicape ou agissement peut avoir des répercussions assez violentes, notamment auprès de ces monstres que sont les élèves d'école primaire, ainsi que dommages psychologiques que ceux-ci peuvent avoir (dépression, exclusion, idées suicidaires etc.).
Yoshitoki Oima écrit une œuvre sensible, mature est très réaliste qui se concentre principalement sur la relation Shoya/ Shoko. L'un vit dans le regret permanent, trouve une nouvelle raison de vivre (il a même appris la langue des signes) et se sent obligé de la protéger pendant que l'autre se juge elle-même responsable de tout ce qu'il lui arrive, Shoya n'en veut à personne car elle pense toujours être fautif, et s'excuse sans-cesse en gardant le sourire. L'histoire se pose doucement, les protagonistes évoluent et la rencontre de certains personnages viennent pimenter le récit, qui prendra des trajectoires assez inattendus. Les personnages sont très attachants (ou au contraire, il y a des baffes qui se perdent) par leur réalisme, ils ont des défauts, des qualités, commettent des erreurs parfois impardonnables, bref une vrai bouffé d'air dans le genre du "slice of life" qui parfois tombe très facilement dans le cliché.
Tout au long de ces 7 tomes, le réalisme des thèmes abordés va en faire vibrer et en émouvoir plus d'un sans trop forcer la main, les tomes 5 et 6 sont particulièrement très poignant pour un final très satisfaisant, pas de gros cliffhanger, ni de happy ending sorti de nul part, simplement les personnages grandissent et la vie continue. J'attends d'ailleurs avec impatience le film d'animation qui à l'air d'être très fidèle au manga!
Bref A Silent Voice est une bouffée d'air frais dans le genre du "slice of life" avec un dessin fluide et agréable à lire, le thème du handicape est parfaitement retranscrit sous format papier, l'histoire est prenante et peut se révéler particulièrement poignante.
Paradoxalement je voulais mettre des baffes à certains personnages et à la fin c'est moi qui ait pris la plus grosse...