Tel fut ma réaction en lisant le premier chapitre de Oyasumi Punpun. Dans une salle de classe, un professeur interroge ses élèves sur leurs rêves, leurs futures et interroge Punpun qui ne sait pas trop quoi répondre. Il est amoureux d'Aiko et veut l'inclure à tout prix dans son rêve. Le début à l'air classique, mais une ambiance assez dérangeante s'installe, le professeur à l'air complétement tarré, les gamins agissent comme des adultes, et chez lui Punpun découvre sa mère effondré, battu par son père qui dit un mensonge à celui-ci. Or il y a autre chose qui cloche... hormis tous les autres personnages, Punpun et sa famille sont des piafs...oui des piafs, dessiné en trois ou quatre traits ce qui peut paraitre déroutant au début mais qui finalement se révèle être un coup de maitre .
Nous allons donc suivre les aventures de Punpun, de l'école primaire jusqu'à sa vingtaine, il s'agit d'un slice of life (vie de tous les jours, assez récurrent dans l'animation et les mangas), ou devrais-je dire une déconstruction du genre. En passant par son premier amour, ses amis, la découverte de la sexualité, son rapport à sa famille (notamment sa mère qui est détestable), au monde, au travail, à la religion, on aura le droit à du viol, au thème du suicide, de l'exclusion (et d'autres mais je vous laisse la surprise). Bref un bon nombre de thèmes sont abordés, les personnages secondaires sont également tous très intéressant, ses amis d'enfance qui prennent des chemins différents, son oncle nihiliste aux pensées suicidaires, sa mère (irresponsable) instable au comportement imprévisible, et Aiko (son amour d'enfance) qui aura une place très importante dans l'histoire.
Mais le début annonce la couleur, l'histoire est réaliste est devient (un peu trop?) pessimiste, Punpun souffre de solitude, il connaitra des échecs, des rejets, sur-interprète ses actes et celui des autres, et suite à des évènements qui vont chambouler sa vie, il sombre peu à peu dans la folie. Et c'est là que le choix d'Asano de dessiner un oiseau inexpressif s'avère très judicieux, c'est au lecteur de s'identifier, de se mettre à la place de Punpun, d'imaginer ses expressions, ses ressentiments. Au début l'identification du lecteur à ce volatile se fait facilement car l'on est tous passer par les mêmes étapes, mais à partir d'un certain moment, il prend son envol (lol) , fait ses propres choix et agit de manière inattendu, ce qui rend l'histoire encore plus prenante.
Par exemple :
Lorsque la mère de Punpun meurt, malgré les évènements j'ai ressentit une énorme tristesse, et bah son fils reste indifférent au décès de sa mère, et là c'était une énorme claque.
L'histoire prend une certaine tournure vers la fin jusqu'à un final magnifique, qui m'a moralement achevé (oui putain j'ai chialé).
Pour ce qui est de l'art : PUTAIN MAIS QU'EST CE QUE C'EST BEAU ET BAM TU LA SENS LA CLAQUE ESTHETIQUE?! ET LA?. Bref c'est magnifique, ça fait du bien aux yeux, c'est très réaliste et mêler une histoire aussi noire à des dessins d'une telle beauté rend l'histoire encore plus passionnante.
Oyasumi Punpun est une très grosse claque, l'histoire est prenante et tellement noire que j'ai parfois hésité à continuer, mais qui au final délivre une très belle morale. On peut le comparer à Bienvenu à la NHK par rapport aux thèmes qu'il aborde (en un peu plus hardcore). Et ces dessins putain !