La colère de Fantômas, fin d’une trilogie de haut vol
Olivier Bocquet et Julie Rocheleau viennent d’achever leur version intemporelle et, en même temps, totalement contemporaine de Fantômas. Un bijou noir et totalement effrayant. Les deux auteurs ont pris soin du mot « classe » contenu dans « classique ».
Fantômas, pour beaucoup c’est un Jean Marais à toute épreuve pourchassé par un petit excentrique dégarni et excentrique, une farce, une comédie populaire à des milles des romans et de l’image qu’en avait forgée Pierre Souvestre et Marcel Allain au tournant de l’année 1910. Le démon malfaiteur et si peu humain a depuis inspiré de nombreuses histoires et inspirations dans des domaines aussi variés que la littérature, la BD, le cinéma, la radio… Son ombre semble ne jamais pouvoir s’amenuiser tant elle provoque une richesse créative incroyable. Et alors que tous les aficionados de l’homme aux 1000 visages ont de moins en moins l’espoir de voir un jour la version de Fantômas par Christophe Gans avec Vincent Cassel (on peut encore rêver un peu), c’est le monde de la bande dessinée qui les a saisi par surprise. En effet, l’année 2013 a vu débouler de manière inattendue une adaptation incroyable et qui fait déjà date dans l’histoire du Neuvième Art et de la mythologie Fantômas. Cette nouvelle adaptation, nous la devons à deux auteurs quasi-inconnus jusque-là: le Français Olivier Bocquet et la Québécoise Julie Rocheleau. Leurs talents conjugués à fait renaître un phoenix, un père (même si du côté malsain) pour innombrables super-héros actuels.
Ainsi, c’est un Fantômas plus en colère que jamais que nous retrouvons dans « À tombeau ouvert, troisième et dernier tome de la mini-série (bon, on avouera qu’on aimerait bien que ce ne soit qu’un cycle et que la machine reparte) éditée chez Dargaud. L’homme (?) est en effet prêt à mettre Paris à feu et à sang, après l’avoir mis à sac en volant tout l’or de la capitale française (la mettant ainsi en faillite, chose encore caché au reste du monde). Sa vengeance et sa violence n’ont d’égal, cependant, que la persévérance de l’Inspecteur Juve et du journaliste Fandor, seuls espoirs contre ce psychopathe assoiffé de sang.
Autant le dire de suite, ce troisième tome a tout des meilleures conclusions, tout en course-poursuite haletante et en dénouement implacable. L’étau se ressert et le dessin de Julie Rocheleau se fait de plus en plus oppressants: les détonations feraient presque sursauter le lecteur, les effets stroboscopiques sont géniaux (que dire de cette double-page morbide retraçant la folle cavalcade de Fantômas et Juve?), de cet aspect comics avec ses pages cernées de noir, la vivacité du trait et les expressions glaçantes sur les visages des personnages (toujours autant hauts en couleur). Et tout ça sans que le scénario ne se relâche, tour à tour implacable mais aussi inattendu et imprévisible. Un vrai petit chef d’oeuvre au goût de polar et à l’imaginaire approprié et cultivé