La plupart d’entre nous associent le personnage de Fantômas à des films ringards des années 60, vus et revus lors de leurs rediffusions à la télévision. Mais Fantômas mérite mieux que ça: ce génie du crime, créé par Pierre Souvestre et Marcel Allain en 1910, est en réalité très éloigné de ces fameux films avec Louis de Funès. Star de la littérature populaire du début du XXème siècle, le « vrai » Fantômas est un personnage beaucoup plus inquiétant que le bouffon masqué et peu crédible joué par Jean Marais. Aussi dangereux qu’insaisissable, Fantômas est non seulement l’ennemi public numéro 1 mais aussi et surtout « l’homme aux cent visages ». Plusieurs fois, la police croit lui mettre le grappin dessus, sans jamais parvenir à attraper le véritable criminel. Il finit pourtant par être emprisonné, jugé et condamné à mort pour ses crimes, mais c’est un innocent qui est guillotiné à sa place… Dans « La Colère de Fantômas », dont le troisième et dernier tome vient de sortir en librairie, le scénariste Olivier Bocquet et la scénariste Julie Rocheleau parviennent à merveille à représenter ce côté insaisissable mais aussi très sombre du personnage. Leur Fantômas est un être violent et terrifiant, qui tue et torture sans aucun remords pour assouvir sa soif de vengeance. Pourtant, il peut aussi faire preuve d’un charme magnétique, notamment sur la délicate Lady Beltham, à qui il parvient même à faire manger la langue de son majordome… Bien sûr, la série ne néglige pas non plus les deux autres personnages principaux de l’histoire: l’inspecteur de police Juve et le journaliste Jérôme Fandor, à qui Fantômas en fait vraiment voir de toutes les couleurs. A chaque fois, ils croient pouvoir l’arrêter, mais ce satané criminel a toujours un temps d’avance sur eux! « A tombeau ouvert », le 3ème et dernier tome de « La Colère de Fantômas », clôt la série de manière particulièrement spectaculaire. Multipliant les scènes d’anthologie, ce troisième album marque l’apogée du duel homérique opposant Fantômas à l’inspecteur Juve. Ce dernier parviendra-t-il à récupérer tout l’or de la Banque de France, dérobé par Fantômas dans l’épisode précédent? Sans dévoiler la fin de l’histoire, disons que la réussite du scénario d’Olivier Bocquet repose notamment sur le fait que dans son récit, le Bien ne l’emporte pas forcément sur le Mal… Cela dit, au-delà de l’intrigue en elle-même, qui contient également une bonne dose d’humour, le véritable charme de « La Colère de Fantômas » réside avant tout dans le graphisme virtuose de la dessinatrice québecoise Julie Rocheleau. Grâce à son utilisation très habile de la couleur, cette ancienne conceptrice de story-boards, qui a travaillé pour différents studios d’animation avant de se lancer dans la BD, parvient à installer une ambiance aussi unique qu’envoûtante, accentuant ainsi le côté diabolique du sinistre Fantômas. Résultat des courses: en refermant la dernière page de cette étonnante trilogie, on a totalement oublié Louis de Funès et le Fantômas des films des années 60. Pari réussi!
matvano
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le 5 mars 2015

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