Tsutsomu Nihei s'éloigne (un peu) de ses mégastructures souterraines et creuse son univers en surface, explorant désormais l'usage du blanc dans ses dessins. Cela ne l'empêche pas de noircir ses protagonistes torturés, les Gaunas, dérivés des créatures titanesques qui ravagent le monde. Comme à l'accoutumée, le style est ébouriffant et frappe sans cesse la rétine.
Malgré un corps scénaristique plus consistant, l'histoire demeure toujours aussi obscure que le crayonné (aidée par un lexique tout aussi cryptique), surtout dans son dénouement quasi-cosmique (Nihei lui-même reconnait dans une post-face ne plus rien y comprendre) ; on en retiendra les dimensions systématiquement tragiques des destins individuels comme collectifs, l'œuvre de l'auteur baignant toujours dans un fatalisme mortifère.
En bonus de cette réédition, une petite nouvelle mettant en scène un carnage papal étonnant.