S'il y a bien deux sujets que Fujimoto affectionne par dessus tout, c'est bien la mort... et le cinéma. Une fascination qui prend ses racines dans Fire Punch, sa première saga et incursion dans la cour des grands, et qui témoignait déjà d'un amour profond et sincère pour le Septième Art, à base de références à la pelle façon Tarantino et d'un sens de la mise en page rappelant clairement les codes du cinéma.
Cette fascination pour la pellicule s'est poursuivit avec Chainsaw Man, au travers de scènes fugaces entre Makima et Denji, mais avec toujours, en axe principal, ce rappel aux codes du cinéma.
Dans le cas de la nouvelle qui nous intéresse, à savoir Goodbye, Eri, les deux thématiques citées plus haut s'entrecroisent pour créer une histoire dont seul Fujimoto en a la recette.
Un deuil familial, censé briser un jeune lycéen, l'amène pourtant à raconter cette traumatisante épreuve au travers d'un film réalisé par ses soins. Ce film, montrant donc le quotidien de sa mère décédée, attire le mépris et l'incompréhension de ses camarades, n'appréciant pas l'idée...sauf une personne. Une jeune lycéenne attire un jour notre protagoniste dans une pièce afin de lui faire regarder des films. Beaucoup de films.
Son nom ? Eri.
La nouvelle axe alors son récit autour de la relation entre ces deux personnages, mais aussi et surtout sur le rapport qu'entretient un artiste avec sa création. Fujimoto fustige qu'un artiste n'est aucunement lié par son public à s'imposer des contraintes, et il a bien raison, le bougre. Mais ce qui fera le sel de Goodbye, Eri, ce sont bien évidemment les effets de transition entre pellicule et réalité, afin de mieux nous perdre dans son histoire.
Rapidement, Fujimoto instille le mystère et brouille les pistes, afin de nous rappeler le rôle premier du cinéma : l'artifice. L'artifice des effets spéciaux et du montage qui nous offre une vision parfois faussée d'une personne ou d'un endroit, mais surtout l'artifice de raconter une histoire par le biais d'une caméra. Car après, qui peut juger de ce qui est vrai ou non par l'intermédiaire de ce média ?
C'est donc bien ce que questionne Goodbye, Eri : cet affrontement entre ce qui est réel
.. et ce qui est filmé.