Adrastée est la seconde bande dessinée de Mathieu Bablet après La belle mort. Initialement publiée en deux tomes, elle bénéficie en 2016 d'une nouvelle édition en intégral très esthétique. C'est dans ce très jolie format que j'ai découvert cette magnifique bande dessinée, et par la même occasion Mathieu Bablet et la maison d'édition Ankama.
Adrastée prend la forme d'un voyage initiatique dans lequel le personnage principal, roi immortel d'Hyperborée, part à la recherche du sens de sa vie éternelle. Nous le suivrons ainsi à travers une Grèce antique de légende que M.bablet nous dépeint dans de magnifiques planches, où se mêlent architectures et paysages oniriques. On apprécie particulièrement les jeux de lumière et l'intensité des ambiances chromatiques. En effet, souvent les scènes se fondent dans des pulvérulences de rouges, de bleu, de vert, toujours servies par un touche virtuose. Si le goût de l'architecture rappelle Schuiten, celui de la ruine antique et du paysage rappelle par exemple un Hubert Robert, et même l'esthétique romantique.
Si Adrastée est une bande dessinée qui se prête à la contemplation, elle invite également à une tranquille méditation sur la vie, le temps qui passe, la mémoire, et l'amour.
Quelques scènes d'actions sont dispatchées de-ci-de-la qui s'appuient sur les figures mythologiques de la Sphinge, du géant Thalos ou du Cyclope. Ainsi ont est pas vraiment dépaysé dans cet univers déliquescent et grandiose, les temples en ruines et les dieux païens nous raccrochent à nos notre imaginaires commun. Pourtant tout est différent, tout est dérangeant dans cet univers qui n'est pas vraiment celui d'Ulysse et de Jason, mais qui semble s'étendre des milliers d'années plus tard alors que le monde antique n'en finirait pas de décliner.
En somme il s'agit d'un très agréable voyage, plein de couleurs, de poésie et de philosophie, à consommer sans modération. Assurément une excellente bande dessinée, de quoi donner envie de lire Shangri-La, la troisième bande dessinée de cet auteur prometteur.