Avec Ailefroide altitude 3954, Olivier Bocquet et Jean-Marc Rochette nous livrent une œuvre à mi-chemin entre la confession introspective et le récit d’aventure vertigineux. Une ascension littérale et figurée, pleine de neige, de rocaille, et de moments où l’on se demande si les héros — ou le lecteur — ne risquent pas de tomber de haut.
Le récit suit le jeune Rochette dans ses années de formation en tant qu’apprenti alpiniste, où la montagne devient à la fois terrain de jeu et école de la vie. Les cimes enneigées servent de toile de fond à une quête d’absolu, où chaque pas est une tentative d’échapper au quotidien. Si l’histoire est captivante dans son exploration de la passion pour l’alpinisme, elle peut parfois donner l’impression de piétiner dans des moments introspectifs un peu longs, comme un randonneur hésitant sur un sentier escarpé.
Graphiquement, Rochette brille de mille feux, ou plutôt de mille éclats de glace. Ses dessins saisissent la majesté écrasante des montagnes, leurs ombres menaçantes et leurs lumières éblouissantes. Les scènes d’ascension sont pleines de tension, chaque ligne semblant trembler sous l’effort et la détermination. Cependant, cette beauté visuelle contraste parfois avec des passages narratifs plus plats, où l’élan se perd dans des anecdotes moins engageantes.
Le point fort de l’album réside dans sa sincérité. Rochette n’hésite pas à exposer ses doutes, ses peurs et ses erreurs, transformant une simple autobiographie en réflexion sur le dépassement de soi et les sacrifices qu’impose une passion dévorante. Mais cette franchise peut aussi peser : certains passages, bien qu’émouvants, risquent de décourager les lecteurs en quête d’un rythme plus soutenu.
Malgré quelques lenteurs, Ailefroide altitude 3954 est une œuvre qui capture à la perfection l’appel irrésistible de la montagne, ses promesses de grandeur et ses dangers omniprésents. Une lecture qui laisse une impression durable, même si elle demande parfois un effort similaire à une ascension : un peu fatigante, mais gratifiante.
Un sommet graphique et émotionnel, avec quelques crevasses narratives qui ralentissent l’ascension.