Retour vers le passé…
Le capitaine Lexi Néel est réveillée de sa phase d’hyper-sommeil, par son androïde de bord qui a intercepté un signal de détresse à mi-chemin de leur voyage de retour sur Terre. Le message...
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le 8 juin 2019
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Ludovic Rio publie chez Dargaud Aiôn, une bande dessinée de science-fiction articulée autour du capitaine Lexi Néel, dont la mission commerciale et l’hyper-sommeil se voient brusquement interrompus par un signal de détresse venu d’une ancienne colonie scientifique…
Un même homme se trouve derrière le scénario et le dessin d’Aiôn. Ludovic Rio, puisque c’est de lui qu’il s’agit, résume ainsi son projet en quatrième de couverture : « Le temps est une expérience. » Ce mystère savamment entretenu servira de fil conducteur à la bande dessinée, ancrée dans la science-fiction la plus traditionnelle, et plus spécifiquement dans le sous-genre diffus du space horror.
Jugez plutôt. Le capitaine Lexi Néel est chargée par l’A.S.E. de traverser la galaxie pour livrer des marchandises. Un androïde la sort de son hyper-sommeil pour un code 304 en provenance d’un satellite forestier abritant une ancienne colonie scientifique. Quand elle arrive sur place, elle trouve une station gardée par une intelligence artificielle, le cadavre décomposé d’un docteur en physique, Elliot Lorentz, et son carnet de notes précieusement cryptées…
Partant, il s’agira de démêler les nœuds de l’histoire. Que veut réellement Maxine, cet androïde inquiétant qui semble conspirer contre les humains ? Le capitaine Elliot Lorentz ne cache-t-il pas lui-même un secret inavouable ? Comment expliquer le bond dans le passé du capitaine Néel ? À ces questions relativement attendues s’ajoutent des considérations plus profondes, sur les paradoxes temporels, sur les réalités alternatives, sur les lois d’Asimov, et notamment ses impératifs parfois contradictoires, ou sur les limites moralement acceptables de la recherche et du progrès scientifique.
Dans des cases souvent épurées et propres à l’immersion, Ludovic Rio porte une autre thématique, développée en quelques bandes, mais participant avec force à la caractérisation de son héroïne. Lexi se sent coupable d’avoir abandonné sa fille. Confrontée à une situation financière compliquée, elle l’a laissée sur terre pour prendre les commandes d’une mission spatiale grassement rémunérée. Comme elle l’explique elle-même à Elliot, ceux qui acceptent de tout plaquer ainsi n’ont tout simplement pas le choix. Ce personnage socialement déterminé n’en oublie pas pour autant sa fille, comme en témoigne plusieurs fois l’observation religieuse – et douloureuse – d’une photographie.
Malgré ses quelque 130 pages, Aiôn se lit d’une traite, sur un rythme échevelé. Les amateurs de science-fiction ne seront probablement pas surpris de rencontrer certains motifs incontournables du genre, mais devraient apprécier de percer à jour un mystère spatiotemporel en compagnie d’une héroïne lucide, quelque peu écorchée et résolument attachante.
Critique publiée sur Le Mag du Ciné.
Créée
le 31 juil. 2019
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