Pour commencer quelques faits.
Les Mondes d'Aldebaran est une série déclinée en trois cycles créée par Leo (scénariste et dessinateur).
Le premier cycle entamé en 1994 s'intitule Aldebaran (bis) et se compose de cinq albums. Son synopsis est assez simple à exposer. Suite à un accident, les premiers colons humains sur la planète Aldebaran (ter) n'ont plus de contact avec la Terre depuis leur arrivée. Coupés de leur Terre patrie, ils sont contraints de s'adapter en autarcie à leur nouveau monde. Très rapidement - les vieux réflexes reprennent le dessus –, leur communauté tombe sous la coupe d'un dictateur.

Au moment où la série débute, Kim, une jeune et très libérée adolescente brune à la forte poitrine, est confrontée à la destruction de son village natal par un phénomène cataclysmique... heu... inexpliqué. Jetée sur les routes avec un ami au torse juvénile musclé, elle va être mêlé – dans le désordre – à un coup d'Etat, à la résolution de l'énigme la destruction de son village, au rétablissement des communications avec la Terre, à la découverte d'une entité à l'intelligence supérieure (la Mantrisse) et à la révélation du pouvoir de son corps sensuel, je sais, vous l'attendiez vils coquins.

Le deuxième cycle commencé en 2000 – faisons plus court –, se déroule quelques années plus tard. Kim qui vient d'achever ses études de biologie sur Terre, est invitée par son amie Alexa à enquêter sur un autre accident (encore) qui a touché cette fois-ci la colonisation de Bételgeuse. Cinq nouveaux albums se succèdent pour découvrir un autre écosystème extra-terrestre et résoudre la nouvelle énigme.

N'en disons pas davantage.

Les Mondes d'Aldébaran est un grand succès pour Dargaud. Personnellement, ce qui me choque dans cette série, c'est sa globale et totale indigence...

Hum...

Pardon...

Excusez-moi...

On m'interrompt à l'instant. Le fan qui sommeille en moi ne cesse de clamer mentalement : « Hey Toto ! Et l'imaginaire de démiurge qui préside à la création de ces écosystèmes étranges et merveilleux. Et le suspense haletant de chaque épisode. Et la Mantrisse...»

Justement, évoquons ces aspects qui constituent les principaux points forts, il me semble, de la série.
Aldebaran l'océanique et Bételgeuse la continentale (on ne sait pas encore, ce que nous réserve Antarès à part l'accent grave sur le « e »), sont le cadre planétaire de deux écosystèmes extra-terrestres radicalement opposés. Pourtant, c'est le quasi même bestiaire coloré, voire très coloré à rayures, bestiaire se composant de prédateurs et de proies que nous propose Leo. En conséquence passé le premier cycle, l'émerveillement adolescent que l'on éprouve devant toutes ces bébêtes – faune et flore bizarres - s'évapore sérieusement. Et puis, à y regarder de plus près, force est de reconnaître que ces écosystèmes ne sont pas pensés en terme écologique (je parle de la science, pas de la pantalonnade politique) mais conçus pour leur seule valeur de dépaysement exotique.

L'argument de la mantrisse peut tout aussi rapidement être remis à la place qui lui revient : une répétition affadie d'un thème science-fictif classique. L'adjectif peut sembler lapidaire, voire diffamatoire aux yeux du profane. Il est pourtant fondé. Que nous propose Leo avec cette Mantrisse ? Une rencontre entre l'Humanité et une forme différente d'intelligence, forme qui la dépasse et avec laquelle, elle ne sait pas communiquer. Un premier contact qui sert de prétexte à un message humaniste et écologiste simpliste. Tout lecteur de SF, doté d'un minimum de culture, est apte à énumérer une liste de romans traitant de ce thème avec davantage de profondeur et davantage de réflexion que ce que nous expose Leo avec ses libertinages libidineux. Je vais d'ailleurs y venir immédiatement sur ces libertinages en définitive très mous.

En effet, insidieusement au fil des tomes, l'enjeu de la série se déplace vers des interactions entre les personnages plus sentimentales. Passons sur la plastique de poupée Barbie et le physique de Ken des personnages emblématiques. Passons aussi sur leurs caractères outrageusement stéréotypés. Concentrons-nous sur leurs relations. Bon, ça va être vite fait puisqu'il s'agit essentiellement de savoir qui couche avec qui, qui a un ticket avec qui, quel va être le prochain flirt d'untel, machin est vachement mignon, cédera-t-elle à ses avances la chienne ! C'est vrai quoi ! Tout le temps en train de se balader à moitié à poil devant lui...

Désolé, je m'emporte. D'ailleurs, je vais doucher l'enthousiasme de certains immédiatement en révélant qu'il n'y a aucune scène de sexe explicite au final. C'est gnangnan, c'est cul-cul, c'est mou du nœud et les dialogues sont à la hauteur des préoccupations de cette joyeuse communauté de héros adolescents attardés. On en est à souhaiter – et plus d'une fois – à voir débouler les Katzenjammer Kids avec une provision de pétards ou à prier pour que la Mantrisse distribue quelques gélules de viagra, histoire de semer une pagaille du feu de Priape.

Pour terminer, c'est évidemment très personnel, ajoutons que graphiquement Les Mondes d'Aldébaran sont moches. Leo use d'un style réaliste mais ses personnages sont irrémédiablement inexpressifs, à croire que la Mantrisse en guise d'immortalité, leur a distribué un traitement à base de botox.

Bref, amateurs de romans photos et d'Harlequinade, Les Mondes d'Aldébaran est sans aucun doute une alternative que vous vous devez d'essayer afin d'assouvir votre passion.
Pour les autres, je leur recommande vivement d'essayer quelque chose de plus consistant en matière de science-fiction.
leleul
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le 16 juin 2012

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leleul

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