Alena est une jeune fille plutôt perturbée depuis la mort de Josefin, sa meilleure amie. Un an plus tôt, celle-ci s’est suicidée sous ses yeux, en sautant d’un pont. Depuis lors, Alena a beaucoup de problèmes à l’école et son comportement inquiète ses professeurs. Pour l’aider à tourner la page, l’adolescente rebelle est inscrite dans l’internat d’Ekensberg, une école élitiste réservée aux enfants de bonne famille. C’est une faveur qu’on lui fait car pour pouvoir y accéder, Alena bénéficie d’une réduction conséquente sur ses frais de scolarité. Mais en réalité, l’arrivée dans cette école ne fait qu’aggraver son cas car, bien sûr, elle ne fait pas partie du même monde que les autres élèves. Filippa, la capitaine de l’équipe de crosse de l’école, ne manque d’ailleurs pas une occasion de lui faire remarquer à quel point elles n’appartiennent pas à la même classe sociale. Lorsque Filippa découvre que Fabian, le garçon qu’elle convoite, s’intéresse à Alena, c’est la goutte qui fait déborder le vase. La vie d’Alena devient un enfer: désormais, elle se fait harceler tous les jours par Filippa et les filles de sa bande. Au point de quasiment se faire violer lorsque le petit groupe de pestes décide de la déshabiller de force pour l’obliger à prendre sa douche avec un garçon. Heureusement pour elle, Alena peut compter sur sa meilleure amie pour la sortir de ce pétrin. Puisqu’Alena n’arrive pas à se défendre toute seule, Josefin entre en action pour l’aider à rendre coup pour coup. Et elle le fait de manière plutôt sanglante! Mais ce qui est bizarre, c’est que ça fait un an que Josefin est censée être morte…
Edité pour la première fois en français, le roman graphique "Alena" a connu un très beau parcours depuis sa sortie en Suède en 2012. Il a d’abord décroché le Adamson Award, le plus prestigieux prix de bande dessinée suédois, avant de faire l’objet d’une adaptation au cinéma en 2015. Un retour aux sources, en quelque sorte, pour son auteur Kim W. Andersson, qui s’est beaucoup inspiré des films d’horreur pour imaginer ce roman graphique sanglant, dans lequel il aborde des thèmes tels que la cruauté de l’adolescence, le harcèlement scolaire, le dédoublement de la personnalité et le rejet de la différence. "J’ai grandi avec les films d’horreur, je les ai tous vus", explique l’auteur suédois. "L’été de mes 14 ans, on a emprunté des films d’horreur au grand frère d’un ami et on a tout ingurgité. Ca s’est forcément imprimé dans mon cerveau, donc c’est normal que cela m’ait influencé. Carrie est vraiment ma plus grosse influence, j’en suis presque embarrassé. Je n’ai pas lu le livre de Stephen King, mais j’ai bien dû voir le film 100 fois." On sent effectivement l’influence du film mythique de Brian De Palma dans "Alena". Comme Carrie, la jeune héroïne de Kim W. Andersson a du mal à s’intégrer dans son école et fait l’objet de moqueries. Comme Carrie, elle finit par laisser éclater toute sa colère et sa violence face aux élèves qui la harcèlent. Au niveau graphique aussi, on sent des influences fortes, en l’occurrence celle des comics américains. Même si Kim W. Andersson souligne qu’il a voulu garder le côté très expressif de la bande dessinée européenne en dessinant "Alena", il ne peut pas nier qu’il a surtout grandi avec des comics venus de l’autre côté de l’Atlantique. Au final, cela donne un roman graphique divertissant et sanguinolent à souhait, mais sans véritable originalité. Cela dit, les multiples références et clins d’oeil aux films d’horreur plairont certainement aux amateurs du genre!
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