Bienvenue dans la vie d’Amalia, une femme moderne, dynamique, engagée… et complètement écrasée par le rouleau compresseur du quotidien. Aude Picault nous offre ici une BD douce-amère sur ce truc qu’on appelle la “vie équilibrée” et qui, en vrai, ressemble plus à une session de jonglage avec des couteaux enflammés.
Amalia bosse dans une boîte qui se veut écolo, mais qui sent quand même bien l’hypocrisie corporate. Elle gère un mari sympa mais un poil laxiste, un enfant à emmener au judo, des réunions à n’en plus finir, et, en bonus, un père qui perd un peu les pédales. Bref, elle court partout, comme un hamster sous caféine, et nous, on court avec elle.
Graphiquement, Picault garde son style épuré, efficace, avec une ligne claire qui contraste avec le chaos ambiant. On retrouve cette fluidité qui donne à la lecture un rythme rapide, presque essoufflant, comme si on feuilletait l’agenda d’Amalia en temps réel. Les cases se succèdent comme les tâches sur une to-do list interminable, et c’est justement là que le message frappe : cette mécanique infernale, ce quotidien où tout doit être “géré”, ce sont les montagnes russes de la charge mentale.
Alors oui, le propos est pertinent, et on s’y reconnaît forcément un peu (ou beaucoup). Mais peut-être que le récit aurait mérité un poil plus de nuances, d’aspérités. Par moments, ça manque de respiration, de surprise. On devine vite où ça va, et ça y va gentiment, sans trop de vagues. Amalia traverse tout ça comme un funambule fatigué, et nous, on suit, solidaires, mais pas totalement captivés.
Bref, Amalia, c’est une chronique du burn-out moderne bien fichue et juste, mais qui laisse un peu sur sa faim. Comme un café avalé à la va-vite entre deux réunions.