Amer béton
8.1
Amer béton

Manga de Taiyō Matsumoto (1993)

Le yin et yang façon Matsumoto.

Mettons de côté toutes ces histoires de super héros, toutes ces histoires du gars plus ou moins attachant qui quitte son petit quotidien pour risquer sa vie et en sauver d'autres. Ici on suit deux gamins des rues, Blanko et Noiro, deux petits caïds qui veulent faire régner leurs lois dans la ville de Takara. On est bien loin du complot à déjouer, du déséquilibré à arrêter, d'une ville et d'une population à sauver. Non, seulement, ces deux enfants face à la brutalité urbaine qui résistent dans une ville qui ne veut pas d'eux.

Blanko et Noiro sont le yin et le yang. L'opposition entre l'espoir et le désespoir, la douceur et la violence, l'innocence et la désolation, le jour et la nuit, une dualité qui trouve son équilibre dans leur complémentarité. Blanko veille sur Noiro et Noiro veille sur Blanko. L'un n'est pas concevable sans l'autre. Ensemble, c'est l'harmonie. Séparé, c'est la rupture.
Ce lien qui les unit nous touche. Quand on a mal pour l'un, on a mal pour l'autre.

Ils veulent s'imposer dans cette ville et doivent faire face à la violence et à la douleur, à un monde d'adulte où ils n'ont pas leurs places. Rien d'époustouflant, pas d'action à l'occidentale, mais une violence crue et brutale, celle qui noue l'estomac et qui attaque l'innocence. On les sent fragile face à cette ville que Taiyou Matsumoto nous dessine, une ville qui serait presque un personnage à part entière. On la découvre un peu plus à chaque tournant de rue sous le dessin soucieux du détail du mangaka. On visite ses rues malfamées, on s'envole de toit en toit sous une masse grouillante d'individu. Elle pourrait faire un peu penser à Tokyo, ou du moins à un Neo-Tokyo. Pourtant la plume de Matsumoto ne va s'arrêter que sur les marginaux, ces voyous vivant du vol, ces sdf qui semblent etre la mémoire et la sagesse de cette ville et les yakuzas; tous ces oubliés et laissés pour compte.
Ils vivent dans les dessous glauques et sales de la ville mais malgré tout, Blanko garde les yeux rivé vers le ciel, plein de rêves.

Les dessins risquent de rebuter quelque uns, les traits peuvent sembler grossier et peu minutieux et les perspectives un peu déstructurées pourtant, rapidement on s'y fait et ils participent pleinement à l'ambiance générale du manga. D'autant plus que malgré cette légère... Vulgarité dans le dessin, il n'en reste pas moins riche de petits détails, le genre de détail qui rend tout encore plus vivant et plus proche de la réalité. On sent un vrai décalage avec la majorité des mangas contemporains tout en étant néanmoins bien ancré dans la culture japonaise.
Amethyste
10
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes et Les meilleurs mangas

Créée

le 2 mai 2012

Critique lue 2.5K fois

61 j'aime

16 commentaires

Amethyste

Écrit par

Critique lue 2.5K fois

61
16

D'autres avis sur Amer béton

Amer béton
BAC
9

L'une des bandes dessinées asiatiques les plus marquantes de notre ère. Rien que ça !

Chose rare, le personnage principal de ce récit n'est autre que la ville dans laquelle il se déroule. Takara ("trésor" en français), décor urbain certes fictif mais d'un réalisme percutant, bien...

Par

le 18 mai 2010

24 j'aime

Amer béton
dame-parapluie
9

A bons chats, bons rats ? Je n'crois pas.

Je viens de finir la série, et c'est peu être encore un peu trop frais dans ma tête, mais c'est pas le genre de lecture dont on ressort indemne. Déjà, il y a le style, qui dénote avec le style...

le 1 févr. 2016

6 j'aime

1

Amer béton
Josselin-B
4

Quand le béton ne prend pas

Dans la famille Matsumoto je demande Taiyô. De Leiji Matsumoto, l'auteur d'Amer Béton n'en partage guère que l'homonymie. Pas une goutte de sang qui ne leur soit commune, pas même une trace de...

le 26 mai 2020

5 j'aime

2

Du même critique

This is England
Amethyste
9

Shaun of the skinhead.

This is England nous plonge dans une Angleterre des années 80, marquée par la politique de Thatcher et porte, tout particulièrement son regard sur le mouvement skin. Difficile, en voyant le script,...

le 30 janv. 2012

121 j'aime

3

Donnie Darko
Amethyste
10

Why are you wearing that stupid man suit?

Je préviens à l'avance que ma critique va spoiler un peu le film. Soyez prévenu ! Richard Kelly nous prend aux trippes avec son Donnie Darko. Le scénario est brillant, intrigant. Lorsqu'on décide...

le 20 juil. 2011

121 j'aime

14

Moulin Rouge
Amethyste
9

The show must go on.

Un rêve. Oui, il faut être un peu rêveur pour apprécier ce film. Réussir à mettre de coté les incohérences, les anachronismes, les niaiseries pour finalement se laisser submergé par les paillettes et...

le 29 avr. 2011

96 j'aime

11