Des amoureux frappés de plein fouet par une étrange maladie : « rigidité, inertie musculaire, mutisme… les victimes sont dans un état cataleptique ou catatonique. » Le virus est baptisé Amorostasia. Et si au départ il ne semble toucher que Paris, il se répand rapidement dans toute la France. Les médecins ne trouvant aucun remède, les autorités prennent des décisions radicales (et absurdes) pour endiguer la maladie, mais rien n’y fait. Olga, journaliste, est chargée d’enquêter sur le sujet. Elle va constater, chemin faisant, le néant de sa propre vie sentimentale…
Une belle idée. A quoi bon vivre sans amour ? Pourquoi chercher à guérir les malades, statufiés mais semblant parfaitement heureux ? Après tout, plus rien ne peut leur arriver dans leur « bulle ». J’ai apprécié les réflexions que suscite l’émergence de cette drôle de maladie. Olga, en couple, se demande pourquoi ni elle ni son homme n’ont été touchés alors que sa concierge et son mari, qui ne cessent de s’engueuler, ont été retrouvés pétrifiés, assis face à face devant leur assiette de soupe. Finalement, l’amorostasia sert de révélateur pour les amoureux et ceux qui ont l’illusion de l’être. Pour autant, certains prennent les choses avec philosophie. Les parents de la journaliste ont échappé au virus et je trouve leur explication pertinente : « nous avons dû admettre que nous n’étions plus amoureux. Mais en revanche, nous avons aussi constaté qu’il y avait une grande tendresse entre nous, une grande complicité… nous nous connaissons si bien, nous nous faisons confiance et sommes fidèles l’un à l’autre. Jamais nous ne voudrions nous faire de mal. Peut-être même est-ce mieux ainsi ? ». Finalement, l’amour peut prendre tellement de formes, de l’amour fusionnel à l’amour idéal, de l’amour romantique à l’amour vain en passant par l’amour filial et l’amour-amitié, un concept que j’ai découvert il y a peu… Bref, cet album questionne énormément et apporte bien peu de réponses, mais cela me convient parfaitement.
Je ne connaissais pas Cyril Bonin et je dois avouer que j’aime beaucoup son dessin. Ses cadrages variés et son découpage dynamique rendent la lecture des plus agréables. Je suis juste un peu sceptique par rapport à l’absence de couleur (pour une fois !), je trouve ces tons de gris un peu tristounet.
L'idée de départ est excellente et la fin parfaite, je trouve. Entre les deux, beaucoup de pistes sont lancées sans forcément être creusées, ce qui peut donner l'impression d'un certain manque de profondeur. Personnellement, je n'ai pas ressenti les choses ainsi et cet album me paraît au contraire très abouti. Une vraie belle découverte !