Quand Thorgal rame à contre-courant, et que même les dieux semblent se désintéresser du scénario

Avec Aniel, trente-sixième tome de la saga Thorgal, Yann et Rosinski nous livrent une œuvre qui, hélas, navigue en eaux troubles. Entre un scénario maladroit et une exécution qui peine à captiver, ce nouvel opus semble plus tenir du naufrage créatif que de l’épopée nordique tant aimée. Les amateurs de la série risquent de grincer des dents (ou de geler sur place, comme les fjords).


L’histoire, centrée sur la quête de Thorgal pour sauver son fils Aniel, manque cruellement de souffle épique. Les rebondissements, prévisibles et souvent forcés, peinent à raviver l’étincelle d’aventure qui faisait le charme des premiers tomes. La tension dramatique est remplacée par des péripéties mécaniques, et les dialogues, souvent plats, ne sauvent pas les personnages de leur inertie.


Thorgal lui-même semble avoir perdu de sa profondeur. Jadis un héros tourmenté et nuancé, il devient ici un simple figurant dans une intrigue qui le dépasse. Aniel, quant à lui, manque de charisme et d’impact, rendant difficile de s’attacher à son destin. Les personnages secondaires, autrefois si riches et mémorables, apparaissent ici comme des silhouettes sans véritable substance.


Visuellement, Rosinski, pourtant maître de l’illustration, livre des planches qui manquent de cohérence. Si certaines cases rappellent encore son talent indéniable pour les ambiances et les paysages nordiques, d’autres souffrent d’un manque de finesse et de dynamisme. Le résultat est inégal, avec des moments de beauté noyés dans une mer de banalité graphique.


Narrativement, le tome souffre d’un rythme décousu. Les enjeux, mal définis, peinent à captiver le lecteur, et l’absence de véritables moments de bravoure ou d’émotion rend la lecture laborieuse. L’intrigue donne l’impression de cocher des cases, sans jamais surprendre ni émouvoir.


L’un des problèmes majeurs d’Aniel est son incapacité à retrouver l’équilibre subtil entre mythologie, drame humain, et aventure qui faisait la force des débuts de Thorgal. Ici, la magie semble avoir déserté les pages, laissant place à une narration fade et dépourvue de passion.


En résumé, Aniel est un tome qui, malgré quelques rares moments de réminiscence, peine à retrouver l’esprit et l’ampleur des grandes heures de Thorgal. Avec une intrigue faible, des personnages en demi-teinte, et un visuel en perte de vitesse, cet album risque de décevoir même les fans les plus fidèles. Un chapitre qui manque cruellement de souffle, et où l’héroïsme de Thorgal s’égare dans les brumes d’un scénario sans éclat.

CinephageAiguise
4

Créée

le 24 déc. 2024

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