Gaston revient ! Enfin… Gaston essaie de revenir. Parce que reprendre le flambeau d’un monument de la BD franco-belge, c’est un peu comme vouloir faire un reboot de Chaplin : on peut imiter les mimiques, mais l’âme, elle, est plus dure à ressusciter.


Marc Delafontaine, alias Delaf, s’y colle avec un respect palpable, un amour sincère pour le personnage… mais aussi avec un défi colossal sur les bras. Gaston, c’est pas juste un gaffeur en sandales, c’est un mythe, une essence du gag absurde et poétique qu’a sculptée Franquin au millimètre. Alors forcément, la comparaison est inévitable.


Graphiquement, le mimétisme est bluffant. Les expressions, les postures, le mouvement, tout sent l’atelier Spirou des grandes années. Gaston a toujours sa tronche d’ado lunaire, son bureau toujours aussi chaotique, ses inventions toujours aussi à la limite du danger nucléaire. On reconnaît l’univers au premier coup d’œil… mais ce qui manque, c’est peut-être un peu du grain de folie originel.


Les gags fonctionnent, certains font sourire, mais rarement éclater de rire. Tout est bien ficelé, mais on ressent cette petite retenue, cette prudence qui empêche les vannes d’atteindre le génie chaotique d’un Franquin en roue libre. On dirait du Lagaffe sous contrôle parental, un peu trop poli, un peu trop nostalgique.


Bref, Le Retour de Lagaffe n’est pas un naufrage, loin de là. C’est un hommage appliqué, une tentative honnête de faire revivre le roi du farniente et du gaffophone, mais qui n’ose pas totalement lâcher prise. Un Gaston bien fait, bien ficelé, mais qui oublie peut-être que la vraie magie de Lagaffe, c’était l’imprévu.

CinephageAiguise
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