Animal Man est un personnage que je connais depuis longtemps. On le voit régulièrement ici ou là dans les titres Justice League. Mais hormis la série de Jeff Lemire, durant les New52 (sans doute l’un des meilleurs titres de la période, avec Swamp Thing), je n’ai rien lu sur le personnage. C’est donc avec un plaisir et une impatience non dissimulés que je me suis jeté sur le premier tome de sa série par Grant Morrison !
Buddy Baker est un père aimant, un bon époux et un activiste pour la défense des animaux. Accessoirement, c’est aussi un surhomme, ayant le pouvoir d’acquérir les capacités des animaux qu’il approche. Pourtant, coincé dans une vie banale, sans emploi et sans charisme, il est bien difficile de l’imaginer sauver qui que ce soit. Jusqu’au jour où Buddy enfile bottes et collants et reprend l’entraînement, bien décidé à aller au bout de son potentiel… Mais dans un monde qui n’a visiblement pas utilité d’un héros de plus, que de l’Humanité, des animaux ou encore de Buddy lui-même aurait vraiment besoin de la protection d’Animal Man ?
Animal Man marque un tournant dans l’histoire des comics de super-héros, et la naissance d’un scénariste de légende. Engagé en 1988 pour remettre au goût du jour un personnage oublié du catalogue de DC Comics, Morrison s’empare du concept pour pousser les codes de la narration vers des hauteurs jusqu’alors insoupçonnées tout en préfigurant des thématiques qu’il exploitera dans ses futures œuvres, Doom Patrol en tête. Comme Alan Moore ou encore Neil Gaiman à la même époque, le scénariste écossais fait partie de ces auteurs dont l’audace et la créativité ont véritablement révolutionné la bande dessinée.
(Contient les épisodes Animal Man #1 à 13 et Secret Origins #39)
Commençons, à l’image ds premiers épisodes de ce tome, par la violence faîte aux animaux. L’un des grands sujets de ce Urban Cult sur Animal Man. C’est assez cru par moment, pour ne pas dire dérangeant. On réalise alors que ces histoires datent de 1980, que c’est alors le premier travail du génial Grant Morrison pour DC Comics, et que le sujet de la violence sur les animaux est toujours autant d’actualité…
Navrant, quand on voit à quel point l’Homme est capable d’évoluer sur certains points, qu’il est de réaliser que sur d’autres sujets, il ne fait que stagner.
C’est un sujet attendu que ce dernier avec un personnage comme Animal Man. Mais dans ces premiers épisodes, il sera également question d’écologie, de chasse et bien d’autres thèmes qui sont tous en corrélation les uns avec les autres. Tout cela à travers Buddy Baker, un super-héros bien à a part dans le microcosme DC Comics.
Il faut dire que Buddy c’est monsieur tout le monde. C’est vous, c’est votre voisin, c’est moi. Un personnage très attachant, prêt à tout pour sa famille, qui ne réfléchit pas toujours avant d’agir, qui veut faire le bien autour de lui, même s’il ne le fait pas toujours de la même façon, qui fait de l’humour pour déstresser. Ce qui pourrait tous nous définir !
La seule différence ce sont ses pouvoirs ! Ses pouvoirs qui lui permettent d’acquérir les capacités des animaux qui l’entourent. Des pouvoirs que Grant Morrison a bien compris la portée, la puissance, et l’absence de limite. Le génial Écossais n’a de cesse de montrer la richesse du règne animal, la puissance des animaux, leurs intérêts et utilise de très nombreuses façons, toutes plus imaginatives les unes que les autres, la « captation » de ces capacités.
Comme souvent avec Grant Morrison c’est très abstrait, très riche, très narratif, très recherché. Mais comme je le dis plus haut, c’est ici son premier travail pour DC Comics. Son approche « cérébrale » et « farfelue » pour ne pas dire « ubuesque » est donc plus légère que ce que l’on peut lire maintenant, ce qui permet une lecture immersive, imaginative et qui pousse malgré tout à l’introspection.
Il en va de même pour l’aspect super-héroïque, on sort de Crisis on Infinite Earths, et c’est malgré tout très digeste, Morrison aborde cela intelligemment.
C’est un régal de suivre les aventures farfelues de Buddy Baker, c’est touchant par moment, drôle à d’autres, surtout, on se dit que plus de quarante ans sont passés, et le monde ne s’est pas beaucoup améliorer.
Graphiquement, on retrouve Chas Truog et Tom Grummett. Deux artistes qui fonctionnent très bien ensemble et qui rivalisent dans leurs idées loufoques et graphiques de mise en page. On en prend plein les yeux. Il suffit de penser à l’épisode du Coyote, pour se dire que c’était du génie.
Bref, ce premier tome d’Animal Man par Grant Morrison est une petite pépite. Je suis content d’avoir enfin du matériel sur ce personnage à part et pourtant ô combien passionnant de DC Comics. Un personnage fort, des intrigues intelligentes et qui poussent à la réflexion, un travail graphique incroyable.