Animal'Z est le premier volet d'une nouvelle saga déconcertante de Enki Bilal, la "trilogie du coup de sang". Cette histoire se veut déconcertante, et ce tome nous plonge directement dans cet univers où, le coup de sang, un énorme dérèglement climatique, a créé un monde apocalyptique où les tortues volent et les lieux se téléportent. En plus de cela, Bilal nous replonge dans la folie d'un monde comme il les aime, avec des croyances extrême (le nihilisme en avant) et des technologies futures bien étranges (hybridation homme/animal).
Une des particularité est qu'il ne se passe rien dans l'histoire, ou plutôt rien réellement. Un peu posé par hasard dans cet univers, nous devons comprendre de nous même les mécanismes qui le régissent et voir l'ultime fuite d'une poignée de survivant, tous plus pessimiste les uns que les autres. Que fuient ils ? Pour quel El Dorado ? Tout cela nous ne le serrons surement jamais.
Bilal n'apporte pas de réponses, il est vrais, mais il ne pose pas non plus de question, il nous amène juste dans un endroit donnée avec si peu d'informations qu'on se sent vite paumé. Cette œuvre, je la vois comme une suite logique de tout ce qu'il a fait jusque là, ou plutôt cette trilogie me parait être l'aboutissement de son travail d'artiste. Son amour pour les références, son humanisme et sa haine de ce que font les hommes à la terre, son message d'animalité de l'homme (dans le bien comme dans le mal), tout cela revient. Le coup de sang se passe-t-il dans l'univers de Nikopol ? Ou celui du Monstre ? Nous ne savons pas, et ça me surprendrais que Bilal apporte les réponses avec le tome 3.
Ce que l'on peut ajouter pour finir cette critique est que son style est comme toujours remarquable, mais il est ici plus porté vers le crayonnage que la colorisation, il en sort une tendre sincérité qui saura émouvoir à la lecture de cet album de qualité. Les visages également gardent la pâte Bilal, mais on se surprend à voir de légères modifications, notamment plus d'arrondis par rapport à un style assez carré d'habitude, qui m'a beaucoup séduit.
Bref, ce tome est pas trop mauvais pour découvrir Bilal, mais il ne prend tout son sens que si l'on connait déjà l'artiste. A lire pour tous les amoureux de la bande-dessinée.