Je pensais déjà connaître l'histoire d'Helen Keller par une bande-dessinée lue pendant mon enfance. Mais Joseph Lambert creuse bien plus loin que la simple rencontre entre Helen et sa préceptrice et son apprentissage de la langue de signes qui lui permit de communiquer avec l'extérieur.
Grâce aux bribes d'informations que l'on apprend sur Annie Sullivan, on est plus à même de comprendre son obstination et la façon dont elle a pu imposer ses méthodes vis-à-vis des parents Keller. Son caractère, tel qu'il est dessiné dans cette BD, m'a étonnée avant que je ne comprenne un peu mieux le personnage. De même, la relation d'Annie avec l'institut Perkins et son directeur, M. Agnanos, donne un éclairage intéressant. S'appuyant sur de solides recherches bibliographiques, l'auteur ne se contente pas d'illustrer l'extraordinaire histoire d'Helen Keller, il en donne également le contexte.
La relation entre Annie et Helen est bien rendue, à mon sens. La violence des débuts, de leur apprivoisement un peu chaotique, fait peu à peu place à plus de calme. Helen accepte puis recherche la présence d'Annie qui, elle-même, a bien du mal à l'abandonner à d'autres mains. Leur lien est particulièrement bien illustré dans les dernières pages.
Ce qui m'a surtout soufflée, c'est la manière dont est représentée la solitude d'Helen lorsque, n'ayant ni les images ni le son, elle ne comprend pas ce qui l'entoure, ainsi que l'évolution de son apprentissage des mots, des concepts, des couleurs, des phrases... Les moments qui suivent la scène très connue du puits sont excellents, lorsque soudain Helen "visualise" ce qui l'entoure, les meubles, les pièces, les personnes, etc. et se figure, elle, au milieu de tout cela.
Bref, un très bel album et une histoire fascinante.
P.S. : Joseph Lambert fait aussi des merveilles de dédicaces !