Tandis que The Lost Kingdom suscite un four critique des plus éloquents, la lecture du one-shot Andromeda a tout du raz-de-marée fabuleux : car non content d’être aux antipodes du modèle goguenard du DCU, le scénario de Ram V propose une fusion du meilleur effet entre le décorum super-héroïque et celui de l’épouvante, genre auquel il emprunte une imagerie et des ressorts pour mieux servir son sujet.
Certes, cela va de pair avec l’usage d’archétypes familiers, ou l’appropriation de l’univers Lovecraftien, mais rien n’est fait au hasard : avec sa galerie de protagonistes ambigües comme ordinaires, le choc entre les genres (au sens large) se veut aussi spectaculaire qu’intimiste, propulsant ainsi Andromeda dans des abysses subjuguant. Les destins et passés d’Yvette et consorts s’avèrent ainsi des plus prenants, ancrant l’intrigue à mi-chemin entre réel et imaginaire, avec en son centre un point Némo généreux.
Immergé avec eux dans des profondeurs rapidement suffocantes, le lecteur ne peut que se prendre au jeu de ce récit semi-horrifique, lui qui tend à relativiser la puissance hors du commun d’Arthur Curry, à la fois Roi des Océans et petit garçon. Tributaire d’un passé obscur émergeant, ce dernier aura fort à faire pour sauver ce qui peut l’être… si ce n’est lui-même. Que de bonnes choses donc, la plume ingénieuse de Ram V transcendant le matériau de DC au profit d’une œuvre magistrale, parfaitement mise en scène par l’art atypique de Christian Ward, entre ténèbres polymorphes et couleurs hypnotiques.
Plonger dans Andromeda, c’est l’assurance d’en ressortir changé.