D'Emmanuel Lepage, je n'avais lu que Voyage aux îles de la désolation, où l'auteur documente son trajet jusqu'aux îles Kerguelen et le quotidien des scientifiques qui y travaillent (et y vivent). Je me souviens en fait surtout des superbes paysages dessinés ou peints dans ce livre, et c'est en partie de qui m'a donné envie de lire Ar-men, l'enfer des enfers.
Les images, ici aussi, sont vraiment belles, que ce soit des dessins très réalistes du phare, de la mer et des environs ou des planches d'ambiance, éclairées par cette lumière qui ne doit jamais s'éteindre. On alterne donc beaucoup entre le bleu sombre de la mer, de la nuit, et le jaune de cette lampe.
La démarche est à mi-chemin entre le documentaire et la fiction. C'est l'histoire des derniers gardiens du phare, hantés par leurs souvenirs et ceux du bâtiment. Plusieurs types de récits s'enchevêtrent : tout d'abord une esquisse de la vie des derniers gardiens du phare, à laquelle se mêlent la légende la ville d'Ys et un récit plus ambiguë sur la construction de la tour, racontée par son premier gardien. C'est un mélange qui apporte beaucoup de poésie à l'ouvrage, nous rappelant sans cesse que les histoires en mer finissent, la plupart du temps, mal.
Malgré son aspect documentaire, c'est plutôt un livre qui fait voyager et frissonner en lisant les histoire des ces hommes du phare. Un livre à lire comme un roman historique, naviguant sur la brèche entre réalité et fiction.