... et c'est ce constat qui me fait passer par ici et regarder ce qui en est dit. Ca et le fait d'avoir lu les deux "Sale / Loeb" chez Urban Comics et tristement haussé les épaules (c'est peut être bien à coté des mensuels mais ça m'a semblé ne histoire sans importance, une narration sans prouesse et un dessin sans claque - une lecture sympa mais rien de mémorable ni d'inspirant)
On peut tout à fait ne pas aimer ce Arkham Asylum. Après tout, McKean a depuis admis n'avoir aucune sympathie pour le personnage et je n'ai pas l'impression que Morrisson en soit fou non plus. L'effort acharné à montrer qu'on pouvait faire de la bd de super héros "Adulte", pour héroïque et nécessaire à l'époque, semblera surement un peu désuet aux nouveaux venus.
Ce n'est pas pour lire "un bon batman" qu'il faut le lire. On n'y retrouve ni la patate dans l'action de Dark Knight, ni la transfiguration de l'imagerie des comics sous la plume Bolland dans Smile. C'est une histoire essentiellement sur la folie.
Ceci dit, ça reste une bonne histoire. Et ça reste même du Batman. Simplement, ce qui est ici généralement évoqué en question pas creusée dans les autres bds est ici à peu près tout le contenu : le rapport entre l'ordre de Batman et les fous qui se révèlent à sa présence (et qu'il fascine, car ils le voient comme l'un des leurs). C'est habilement fait, à l'écriture, avec un parallèle avec Arkham, le créateur de l'asile.
Au minimum l'album est un classique parce que c'est celui de l'explosion de Mc Kean, qui quitte l'étage "un auteur branché prometteur" vers celui, très solitaire, de "Dieu". Je sais, je m'en veux de cette formule excessive mais réellement, si vous comprenez quoi que ce soit au dessin et à l'illustration, c'est probablement l'approximation la plus juste de sa place dans le paysage. Avec un an devant moi je pense pouvoir vous faire une oeuvre originale "à la manière de" n'importe quel auteur et avoir une bonne chance de tromper un lecteur occasionnel de cet auteur. Il n'y a que pour Dave McKean que je sais (douloureusement) que c'est hors de ma portée. La plupart des temps je n'ai entre aucune et peu d'idée de comment chaque image sont faites. Et chaque image à un style unique qui normalement ferait une carrière entière chez un autre auteur (mais en moins bien fait). Fois tout un album, fois plusieurs albums. OK.
Et puis de temps en temps il dessine, et c'est probablement le meilleur dessinateur du monde encore à ce jour (voire son Black Dog récent. un immense soupir d'épuisement à feuilleter pour un auteur ambitieux...) dans un monde qui n'a jamais eu autant d'excellents dessinateurs. Un des attraits les plus singuliers de cet album est que malgré les apparences, pas de photoshop. Les planches sont réalisées physiquement, avec un mélange de techniques inconcevables à l'heure actuelle. Une vraie merveille de son temps.
Ce serait donc attendu de dire qu'il faut l'acheter pour le dessin... Mais le fait est que l'histoire de Morrison a bien vieilli. Je n'ai pas lu tout Batman depuis, loin s'en faut, j'essaye juste de suivre et pour autant que je puisse en juger, c'est toujours une des histoires les plus ambitieuses, et les plus réussies par rapport à ses objectifs affichés, qui a été faite non seulement sur Batman, mais en comic book de super héros. A vrai dire j'aime mieux ce scenario de Morrisson que celui de Moore pour Smile, à mon sens trop mécanique pour être honnête.
Bref si vous aimez la BD en général, il vous faut au moins un McKean dans la bibliothèque. A mon avis pour débuter celui là ou Cages.
Si vous aimez Batman, c'est un des albums "landmark" du personnage, un best seller international, un classique et un rappel bluffant de tout ce que peut être la bd.