Arkham Asylum, une maison sérieuse, pour des troubles sérieux.
Batman est contraint de pénétrer dans l'asile et de se soumettre aux volontés du Joker, afin de sauver le personnel de l'asile. La réticence de l'homme chauve-souris n'étant pas la confrontation avec les psychopathes, qu'il a lui même arrêté, mais un face à face avec sa propre conscience et les tourments de son obscur esprit. Qui est le plus dérangé? Les fous de l'asile, ou l'homme costumé qui se prend pour un justicier avec une cape et des collants?
Grant Morrison nous offre son meilleur scénario. Batman est un être faible, blessé par son passé, en manque de repère, et épuisé de courir après un destin qui ne lui convient plus. La rencontre avec les personnages de l'asile nous donne un patchwork du travail accompli par Wayne, dans la peau du justicier. Il n'est pas si différent d'eux. Au contraire, le Joker parait être en meilleure forme! Pile-ou-Face, bien qu'incontinent, garde une once de raison, malgré l'environnement dans lequel il est "soigné". Les plus fous sont les psychologues qui tentent, par des expériences, les plus farfelues les unes que les autres, de traiter les troubles des patients.
La performance de Dave McKean est sans égale. A l'heure où le traitement numérique allié à la photographie permet des prouesses réalistes, notre illustrateur/peintre/découpeur/colleur/bidouilleur/plasticien donne naissance à un visuel jamais égalé. Nous sommes en 1989, et la texture des images est impressionnante de réalisme. Un mixte de photos, de dessins et de peinture qui représente parfaitement le caractère éclectique du scénario et de leurs personnages.
"Mais je ne veux pas aller parmi les fous", fie remarquer Alice.
"Impossible de faire autrement", dit le Chat ;
"Nous sommes tous fous ici. Je suis fou. Tu es folle."
"Comment savez-vous que je suis folle ?", demanda Alice.
"Tu dois l'être", répondit le Chat, "autrement tu ne serais pas venue ici."