J'avais lu l'Asile d'Arkham il y a bien longtemps, peut-être peu de temps après sa sortie, et je n'y avais pas plus compris quelque chose qu'à Black Orchid, et ce pour les mêmes raisons: le dessin de McKean écrase tout. Maintenant que j'ai lu toutes sortes de relecture superhéroïques, de fictions psycho-paranoïaques et de récit déstructurés, j'ai pu suivre sans trop de mal le fil de l'action; néanmoins, mon impression d'enfance reste. Certaines pages audacieuses tiennent à l'évidence davantage du tableau (à la Bacon, si on doit chercher) mais je me suis souvent arrêté sur telle ou telle case, surpris d'y trouver la même densité.
Ma note va donc surtout au dessin; je ne suis pas aussi intéressé par le discours "Les super-héros sont aussi fous que les vilains" qu'avant. Cet obscurcissement de la figure de Batman est un peu éventé. Toutefois, l'hypothèse finale du "vrai" méchant de l'histoire (qui, je pense par ironie, nous fait le coup de la grande explication-justification finale qui laisse le temps au héros de s'en sortir) concernant l'homme-chauve-souris ne manque pas de gueule. Par contre, les méchants suivent le mouvement, atteignant des abîmes impressionnants dans la folie. Cet excès pallie l'aspect quelque peu "promenade" du récit (vous savez, ce sont ces albums pour enfants où un personnage à la recherche de quelque chose va voir d'abord le lapin, puis le renard, puis le renne...).
C'est tout de même une bonne grosse claque.