Dave, t'es un dessinateur de génie ! Qu'est ce que t'es allé foutre avec ce fumiste de Morrison
Je n'avais pas vraiment envie d'écrire une critique à propos de ce comics. Mais les statuts sont vraiment trop courts pour que je puisse y expliquer ce 6/20.
Cette note que je mets au comics ne me satisfait en aucun cas. En effet, Dave McKean est un dessinateur de génie ! Graphiquement ce comics mérite au moins un 9/10, que ce soit la mise en page ou les dessins tout est d'une finesse et d'une intensité assez incroyable. Composition hétéroclite, on retrouve énormément d'inspirations picturales ici. Notamment un expressionnisme certes suggéré par notre scénariste incompétent mais surtout maîtrisé et transcendé par le dessinateur !
Malheureusement pour ce qui est du scénario, on a affaire à du pur Grant Morrison, bon ça en fera baver certains (mouiller même pour d'autres). Mais c'est un scénario qui ne mérite selon moi pas plus de 4/10 en étant généreux. Confus, bordélique, voulant intégrer trop d'éléments de l'univers de Batman, au lieu de traiter correctement ceux qu'il intègre, le scénario est porté par un gloubiboulga ridicule de psychanalyse à deux balles. Bien sûr, on doit reconnaître le talent marketing du scénariste qui sait bien que faire référence à Jung, parler psychanalyse, ça plaira à ceux qui ont une vision paradoxalement très superficielle de la profondeur psychologique d'un être humain ou d'un personnage. Et Dieu sait qu'Urban Comics (éditeur que j'aime beaucoup par ailleurs) sait lui aussi chouchouter ses différents publics et jouera magnifiquement des propensions de certains de ses lecteurs en leur proposant le script de Morrison, annoté par celui-ci, les convainquant si besoin que nous avons là un comics dense et mûrement réfléchi.
Bien entendu en plus des multiples et mal digérées références balancées au mixeur comme sait si bien le faire Grant, la confusion générale du comics attirera l'approbation des lecteurs les plus humbles, qui devant leur incompréhension supposeront forcément une profondeur inaccessible au commun.
Mais ce qui m'agace le plus peut-être dans ce scénario, c'est que je crains que la perspective inintéressante au possible portée par le scénariste sur Batman ne soit celle qui s'impose, si ce n'est dans les comics, au moins dans l'imaginaire collectif d'une masse qui n'a souvent pas lu beaucoup de comics.
Toutes les perspectives morales, politiques, relationnelles du super-héros se voit éclipsées face à la réductrice vision qui fait de Batman (sans oser malgré tout le dire ouvertement) un simple cas clinique. Un taré, qui ne fait que fantasmer des vilains, qui sont tant de démons intérieurs à exorciser !
Batman, super-héros ? Non, un simple fou fascinant.
Gotham, un univers fascinant reflet des failles et de l'impuissance morale de nos sociétés ? Non, la simple expression fantasmatique d'un esprit dérangé.
Le post-modernisme est un mouvement intéressant, mais s'il fallait le réduire à Grant Morrison, on aurait simplement à faire la glorification des esprits confus et mal faits qui loue le génie d'un joyeuse décharge bordélique.
Cher Grant, la déconstruction d'une culture et des ses références se doit d'être réellement analysée, et sa reconstruction ne livrer finalement qu'une conclusion née de ses analyses. Il ne sert sinon à rien de déconstruire pour reconstruire.
Si vous voulez coucher avec une femme, sortez de chez vous, faites des rencontres ! Je vous assure qu'essayer d'en reconstruire une, en recousant différents membres pris sur des cadavres, n'est pas une méthode féconde. Si une part de bonne volonté reste probablement présente en vos oeuvres, comme en la créature, j'espère que vous saurez imiter notre aimable Dr Frankenstein qui a passé le reste de sa vie à tenter de détruire le monstre qu'il a crée.