L'heure est venue : l'apocalypse va avoir lieu. Il est l'heure de livrer un combat qui attend Spawn depuis qu'il a été relevé des morts. Peut être même depuis plus longtemps. Ultime confrontation, non plus contre des anges et des démons mais bien contre Dieu et Satan eux-mêmes.
Souvent trop long et prenant trop son temps, Spawn va dans le sens inverse avec ce quinzième tome et on aurait presque l'impression que David Hime a peur d'être viré avant la fin de son arc. C'est donc une suite très rapide qui s'offre à nous et l'histoire avance autant en 8 chapitres qu'en 3 tomes. On a vraiment un sentiment de vitesse exagérée qui dessert le récit. On aurait volontiers aimé avoir plus de temps sur bien des situations.
Pour autant, les idées mises en place sont à la fois si efficaces et si jouissives qu'on ne peut pas regretter de les lire.
L'identité, largement sous-entendu, de Dieu et de Satan sont enfin révélés. Et à la grande surprise des lecteurs, eux-mêmes l'ignoraient. Rien que cela aurait pu occuper plus de temps. De plus ,défaut énorme selon moi, les deux personnages n'ont aucune classe mais se contentent d'être pure violence, pure haine. De l'insulte sans classe. Malebolgia était lui-même plus impressionnant.
Un nouveau statut est alors en place avec le retour en Enfer de Satan et au Ciel de Dieu. Chacun bien décidé à tout mettre dans la bataille avant le combat final. Sauf que plutôt que de prendre son temps le récit accélère et l'apocalypse imminent devient immédiat. On a donc le droit aux Cavaliers et à la mort de l'humanité en quelques pages tandis que Spawn tente tant bien que mal de se défendre face à la nature même de la religion.
Révélations en tout genre sur le monothéisme, sur la Mère aux Miracles mais aussi sur l'Élévation et le destin des Élus de Dieu. Malgré la vitesse, il y a tout le long du tome un goût amer dans la gorge : celui d'une vaste blague. Comment finir Spawn autrement, finalement ? Il fallait rappeler cette leçon : Enfer et Paradis sont laids et contre nous. L'homme est condamné, peu importe par qui, il l'est. Cette noirceur apparaît totalement et la mort est partout, souvent au détour d'une case.
Reliant tout une ultime fois, ce tome nous propose un final incroyable d'une puissance pleine et entière.
On appréciera notamment le journal de Twitch qui remonte encore le niveau de noirceur dans le quotidien de l'humanité vivant ses dernières heures, tandis que Spawn tente tant bien que mal d'obtenir le pouvoir de sauver l'humanité.
Pouvoir obtenu facilement et donnant le sentiment d'un Joker certes. Encore une fois, la vitesse d'exécution dessert l’œuvre qui malgré tout conserve sa force de noirceur et de révélation.
Enfin, le dernier tiers du tome nous permet de remettre en avant le futur grand ennemi de Spawn, celui là-même qui s'attendait déjà à voir l'Armageddon avoir lieu, celui qui savait que Al Simmons changerait le monde, celui qui a tout manipulé, même ses échecs …
On termine donc avec 3 récits à coupé le souffle sur 3 Hellspawns des temps passés. Le Spawn Mandara nous ramène dans la Chine Médiévale avec une histoire inspirée d'Elephant Man, un récit où la damnation est plus douce que la vie et offre une joie méritée. Le War Spawn montre combien Spawn fut manipulé depuis longtemps, notamment par des parties méconnues de son histoire. En plein cœur de la première guerre mondiale et dans un chapitre qui est surtout liée à de la belle illustration, on redécouvre l'Enfer de la guerre comme annonçant l'Enfer réel.
Enfin, last but not least : Spawn Gunslinger. Un Spawn au Far West. Une des histoires les plus tragiques, sans nul doute, mais aussi une des plus dérangeante. Là encore, la malédiction de Spawn apparaît comme désirée par celui qui l'accomplit. La vengeance comme dernier morceau d'humanité, la vengeance contre tous ceux qui n'ont pas défendu. Le spectateur devient coupable et les victimes demandent leur sang. Un récit poignant et tragique qui entre dans mes arcs préférés de Spawn.
Notons surtout que graphiquement, chacune de ces 3 histoires varie mais offre une beauté réelle qui colle parfaitement avec l'univers torturée et malsain de Spawn. De même que le dessin principal. Spawn a vaincu tous ses démons sauf les pires : les siens. Car un Hellspawn, in fine, ce n'est jamais qu'un homme qui se condamne lui-même.