À lire avec des extraits et previews sur : http://branchesculture.com/2018/06/05/army-of-darkness-ash-evil-dead-suite-film-comics-dejante-hartnell-bradshaw-monstres-morts-vivants-necronomicon-deadites/
On n'en aura donc jamais Ash-ez ! Plaisir coupable et culte, Evil Dead a dépassé depuis longtemps le simple écran (qu'il soit d'ailleurs grand ou petit) pour s'offrir une confortable place dans la culture populaire baignée de frissons et d'horreur aussi malsaine que jubilatoire. Trois épisodes mémorables et puis s'en va ? Oui et non car la magie (ou la sorcellerie ?) a continué de plus belles dans nos souvenirs cinéphiles, en série mais aussi en une pléthore de comics jusqu'ici réservés aux lecteurs anglophones et anglophiles. Les Éditions Réflexions ont tiré la couverture à nous avec un premier opus qui, on l'espère, en appellera d'autres. Car elles ont vachement bien fait de réveiller le Necronomicon et les deadites qui vont avec.
Résumé de l'ėditeur: Ash est bien revenu sur terre, mais il arrivé trop tôt, bien avant qu’il ne découvre avec Linda, l’existence du Necronomicon. Il va donc devoir se rendre dans cette fameuse cabane dans les bois avant qu’il ne soit trop tard. Lorsque les démons ancestraux se réveillent, priez pour qu'Ash soit là pour vous protéger... s'il parvient à en être compétent ! Quoi qu'il en soit, le résultat sera saignant !
Alors qu'on attend toujours un hypothétique quatrième épisode, qu'un remake a secoué le cocotier de l'horreur et qu'une série trop tôt annulée a joué les parenthèses sanglantes et bien tronçonnées, la folie Evil Dead n'a pas fini de faire des siennes. Et si Sam Raimi ne semble pas encore prêt à donner une suite à son sensationnel Army of Darkness, Ash a placé son sort entre les mains d'Andy Hartnell, Nick Bradshaw, Étienne Saint Laurent et Jim Charalampidis pour de nouvelles aventures en comics mais monstrueuses quand même.
Et c'est vrai que l'univers sorti de l'esprit aussi dérangé que génial de Sam Raimi a tout pour tisser sa toile et faire ses jeunes dans les planches propices du neuvième Art. Pour foisonner. Déjà, parce que le personnage principal de cette trilogie du tonnerre, Ash, est interprété par un Bruce Campbell qui a tout d'un p'tit miquet, dans ses attitudes, ses expressions et cette mâchoire carrée du héros... un peu à côté de ses pompes, mine de rien. Et c'est ce qui fait son charme irrésistible face à des armées de squelettes et des fantômes on ne peut plus malveillants.
Avec Ashes 2 Ashes, Andy Hartnell et Nick Bradshaw auraient pu être possédés par la montagne à laquelle ils s'attaquaient et se casser les dents et les os, se faire arracher un bras. Pourtant, ils dominent leur sujet en proposant une suite en bonne et due forme (et difformité: les affreux de son retour en grande... forme) mais aussi une sorte de reboot qui revient à l'origine et aux racines du mal. Une oeuvre de liaison donc qui ne va pas franchement laisser à Ash le temps de se remettre du décalage horaire... que dis-je... séculaire. Il vient à peine de revenir de l'an 1300 où il aurait pu être roi à la place du roi (refrain connu en BD) mais notre héros mythique a préféré regagner ses pénates et son époque. Sauf que...
... on ne change pas une équipe qui gagne et Ash a bafouillé la formule magique qui lui permettrait d'arriver en temps et en heure de là où il était parti avant toute cette odyssée moyenâgeuse. Non pas qu'il soit en retard, non, non, mais qu'il soit en avance. Résultat : le moine (joué par Ian Abercrombie dans le film) a suivi Ash dans les méandres du temps pour former un duo improbable et pétaradant dans une course folle contre le temps.
Car oui, Ash est revenu quelques instants avant le drame qui allait changer sa vie à jamais, avant qu'il ne s'aventure avec sa chérie dans cette forêt où il mettrait la main (ou les deux, puisqu'il n'avait pas encore tranché) sur le Necronomicon. C'est le rêve de beaucoup d'humain de revenir avant le moment où tout a basculé, non ? What if... Mais l'euphorie est de courte durée et si le temps est désormais troublé et Ash est confronté à un... autre lui.
Forcément, on pense aux voyages dans le temps de Retour vers le futur mais également Les visiteurs, mais c'est de l'ADN à 200% Evil Dead qu'on retrouve dans cette aventure ébouriffante. À partir du moment où ce tandem mal assorti pour le rire, le pire et l'horreur se rend compte de la situation, c'est un sprint d'une nonantaine de planches qui commence, sans temps mort, mue par l'énergie du désespoir et du grand n'importe quoi tellement salvateur. Nick Bradshaw est complètement dans son élément démonté, il se bat comme un bougre pour faire péter les cases et insuffler de l'esprit à cette histoire démente (on fait même un tour dans l'espace !) et qu'on croirait animée. D'ailleurs, on doit parfois freiner des quatre fers pour profiter à fond du spectacle dantesque et impitoyable. On regrette juste que les pages au format comics soient parfois trop petites que pour conférer la pleine mesure de ce show qui nous a saisis dès la première minute de son fulguropoing d'acier (hé ouais, Ash n'a rien à envier à Goldorak !). Quant aux couleurs, le tandem St. Laurent-Charalampidis n'a pas chômé puisque, si l'horreur règne en maître, de la pluie à l'obscurité éclairée par des bouts de chandelles en passant, de la jungle au désert ardent et rouge sang, le travail des ambiances est à la hauteur des ambitions de cette nouvelle réincarnation de l'univers de Raimi, sur papier cette fois. Si on n'a pas mis la main sur le Necronomicon - et heureusement, soupireront certains ! -, c'est un petit graal auquel on a accédé.
Comme on vous le disait, Army of Darkness a connu une flopée de hits en anglais chez Dynamite Entertainment, jusqu'à des crossovers avec Re-Animator, Danger Girl (autre série phare de Bradshaw), Darkman (le seul à avoir été édité en France avec l'édition ultime de cet autre film de Sam Raimi chez L'atelier des images) ou même... KISS!)...