Ascension
7.9
Ascension

Manga de Shin'ichi Sakamoto (2008)

Chaque tome est critiqué séparément.

Tome 1 : Après avoir lu le Sommet des Dieux, je peux vous dire que j'avais envie de lire d'autres mangas sur l'alpinisme... J'ai donc surveillé ce titre du coin de l'oeil, j'ai vu qu'il avait pas mal de bonnes critiques et j'ai attendu l'occasion de pouvoir me lancer dans la série. Elle est arrivée, et elle est conforme à mes attentes.
Alors attention, on est ici dans un esprit carrément plus shônen que le Sommet des Dieux. Ici c'est même 100% shonen de sport, avec le milieu scolaire, le lycée (voire la ville) qui semble tourner entièrement autour du sport phare, le héros aux capacités inouïes pour ce sport qu'il va découvrir, les passionnés à 200 pourcents qui te sortent 2000 termes techniques par chapitre pour t'initier au sport, et bien entendu une bonne valorisation de la volontée d'aller toujours plus loin, de se surpasser et des exploits incroyables.
Bref, c'est une recette connue, mais elle est appliquée ici avec brio, avec en plus l'escalade en toile de fond, et ça donne quelque chose de vraiment prenant. La passion, l'excitation, pour la grimpe est vraiment palpable, et le côté ultra exagéré rend le manga vraiment fun à lire. Oui c'est cliché, mais on a envie de lire la suite, et c'est sûrement ça le principal. [7]

Tome 2 : Après une introduction classique mais très réussie, Ascension continue sur sa lancée et nous offre un second tome extrêmement réussi. Les situations sont variées, des pistes sont lancées pour l'avenir et surtout, le personnage principal ne stagne pas, il progresse et évolue ce qui est appréciable. Il se passe vraiment des choses dans ce volume et ça s'enchaîne assez vite, ce qui donne vraiment une impression de progression. En plus de ça, même si les personnages sont ultra archétypaux, ils restent biens écrits et attachants, avec chacun leurs problèmes dans la vie lycéenne. De l'autre côté, les phases d'ascension sont toujours une réussite et se montre à chaque fois complètement captivante même si empreinte de cette exagération typique du shônen.
Après, il reste ce machisme japonais un peu énervant qui fait que l'héroïne accompagne le club d'alpinisme mais ne grimpe pas avec eux, n'essaye même pas à l'entraînement, et qui se retrouve dans l'album à être une demoiselle en détresse juste après avoir rembarré une réflexion sexiste d'un des personnages... C'est vraiment dommage, et j'espère qu'à terme le personnage arrivera à sortir de cette "interdiction de sport", mais je n'y crois que moyennement...
Malgré ça, on a le droit à un second tome vraiment de grande qualité, complètement captivant, et bien dessiné, même si le style de Shin'Ichi Sakamoto est assez particulier. Ascension semble s'affirmer comme un manga de sport à suivre, tant mieux. [8]

Tome 3 : Deux mois plus tard je reprends ma lecture d'Ascension avec le tome 3. Et force est de constater que si ce manga est fort sympathique, il est aussi très cliché et sûrement un peu trop. Notamment au niveau des personnages qui semblent être des clichés ambulants. Heureusement, celui qui s'affichait comme un être purement maléfique vraiment caricatural gagne en nuance à la fin du volume car il était vraiment trop stéréotypé et absolument pas adapté à l'univers réaliste de ce manga. Le personnage a eu de la chance que les japonais aiment les twists énormes, même si son comportement pendant les 2/3 du volume est quand même assez ridicule.
Sinon, pour la première fois depuis le début du manga, on aura le droit de voir une femme alpiniste. Bon ce n'est malheureusement pas un modèle de badassitude, mais c'est déjà mieux que rien.
Je critique, je critique, mais la série est tout de même agréable à lire. Les auteurs savent mettre du suspense dans leurs pages, leurs twists sont efficaces, les dessins sont beaux et les personnages s'épaississent au fur et à mesure. C'est juste dommage qu'il n'y ait pas plus d'efforts pour leur donner une vraie personnalité, essayer de sortir un peu des clous. Bon le héros reste assez bizarre par son côté désespéré et solitaire, mais ce n'est pas suffisant, surtout qu'il en devient parfois limite chiant.
Sinon, beau suspense de fin de volume qui donne envie d'aller voir la suite... Même si j'ai peur que la série se mette bien vite à ronronner. [7]

Tome 4 : Belle surprise que ce tome 4. La réponse à la fin du tome 3 est assez crue et permet de faire rebondir le manga dans le bon sens. On quitte un peu plus le côté shônen que le titre pouvait avoir, notamment avec l'ellipse qui amène l'histoire 2 ans dans le futur où le héros à quitté le lycée pour travailler et ainsi avoir les thunes pour assouvir sa passion : la grimpe. Il s'est aussi entraîné durant ses deux ans (hé, comme dans toutes les ellipses de shônen, hein !), et il est désormais plus baraqué que jamais (surtout que Sakamoto y va sur la musculature !).
Le problème est que notre héros est toujours aussi solitaire et associal, si ce n'est plus. Il essaye d'esquiver tous ses problèmes en ne vivant QUE pour la montagne et l'escalade, les seuls moments où il se sent bien. Il est dans une vraie fuite de la réalité. Mais le problème c'est que le monde de l'escalade n'est pas rose, et le monde adulte d'une manière générale n'est pas facile non plus. Mori doit aussi faire face à son passé qui le poursuit. Avec ce tome, on sent vraiment qu'on entre dans les seinen très noirs et pessimistes sur la société japonaise, où tout le monde se conduit comme des connards, un peu comme Syndrome 1866. Donc bien entendu, c'est un peu too much, mais ça permet quelque chose de très intense en péripéties et rebondissements.
Dans ce tome Mori, qui a envie d'escalader plus seul que jamais, devra faire face aux offres de recrutements dans une équipe de montagnards d'élite ultra friquée (hé, on est dans un manga, les auteurs adorent les milliardaires qui utilisent à 100% leurs ressources pour être les meilleurs dans le domaine qui sert de sujet à la série) mais aussi gérer ses relations avec les filles, avec qui il est plus phobique social que jamais. C'est vraiment pas mal foutu et le tome est très prenant. Une belle surprise que ce tome, qui laisse augurer du bon pour la suite de la série ! [8]

Tome 5 : Dans ce tome, la phobie sociale de Mori va encore être mise à rude épreuve ! Le personnage principal a vraiment un côté anti-héros intéressant à suivre de ce côté là. Surtout que dans ce tome, il va devoir faire avec de sacrés énergumènes. Il faut dire que Mori rejoint un groupe de grimpeurs, il va donc devoir travaillés en équipe, mais on est dans un seinen, donc la franche camaraderie vous pouvez oubliez. Ici, tout le monde se comporte comme de grosses enflures, et notre héros va en baver. Il se retrouve à adorer la montagne et l'escalade, à avoir de vrai capacités pour ça (même si on apprendra dans ce tome qu'il a aussi des faiblesses), mais à devoir subir les autres en permanence, que ce soit à terre ou dans les sommets ! Est-ce que l'amour de la montagne lui permettra de s'ouvrir aux autres ou va t-il s'enfermer encore plus ? En tout cas, il a toujours autant de mal avec la gente féminine, et ce n'est pas l'absence totale de femmes parmi les grimpeurs qui risque de palier au problème.
Bref, c'est vraiment prenant scénaristiquement (à partir du moment où l'on a un minimum d'attache avec le côté associal du héros), avec des personnages exagérés dans leurs noirceurs mais vraiment intéressants à suivre. En plus les dessins, malgré leur côté étrange (je me demande d'ailleurs si il n'y a pas un peu d'influence d'Araki, l'auteur de Jojo, dans le style de dessin...) sont très bons et détaillés. Et il y a de belles pages et double pages de métaphores visuelles (encore quelque chose d'assez typique au manga).
Bon et sinon, Sakamoto nous sert un bon gros cliff de fin pour nous inciter à lire le prochain tome, le saligaud ! [8]

Tome 6 : Plus on avance dans la série, plus on s'éloigne de la tonalité shônen mettant en valeur les exploits physiques et la force de volonté des personnages pour aller vers une tonalité seinen où les personnages sont tous plus sombres les uns que les autres. Il y a vraiment une atmosphère très particulière dans ce titre, parfois presque malsaine, dans cette description de personnages vicieux, étranges, renfermés sur eux-même... Et c'est associé à des moments d'alpinisme flamboyant, illustrés avec grandeur et brio et avec une clarté étincelante, une pureté qui contraste avec les conflits internes des personnages (et notamment du héros). Dans ce tome on en apprend plus sur Nîmi, sur ses motivations, pendant que Buntarô (le héros) plonge toujours plus loin dans l'introspection. Les personnages gagnent en profondeur petit à petit et c'est toujours aussi intéressant à suivre, même si comme je le dis au début, le côté sombre et parfois too much, et j'ai franchement du mal avec la manière qu'à Sakamoto d'écrire les personnages féminins. Elles sont toujours reliées au désir masculin, aux relations amoureuses et à la sexualité et ne semblent pas pouvoir vivre par elles même, ce qui est franchement dommage. [7]

Tome 7 : Comme je le disais pour le tome 6, Sakamoto ne sait toujours pas écrire les persos féminins. Ici, le plus dérangeant avec le nouveau personnages, sont les splash pages de nudités purement gratuites qui passent franchement assez mal. Bon, et en plus pour une fois qu'on avait un personnage qui s'annonçait gentil, et bah non, 5 minutes après, on nous révèle encore un personnage fourbe et tordu... Pauvre Mori !
Sinon à part ça, c'est toujours plutôt sympa à lire. Pour peu qu'on s'attache au caractère très particulier du héros (un gros phobique social), suivre ses tourments reste vraiment intéressant, surtout dans cette ascension de l'extrême en haute montagne. La fin de tome est par contre hyper étonnante, encore un de ces twists de fous que l'auteur nous pond régulièrement, et j'ai hâte de voir ce que ça va donner. [7]

Tome 8 : Ça fait 6 mois que je n'avais pas lu de tomes d'Ascension, donc ça a été un peu dur de s'y remettre. Surtout que comme d'habitude, Sakamoto construit ses tomes de manière très particulière. Ce n'est pas un simple recueil de chapitre, il y a vraiment une unité et comme souvent, l'auteur s'amuse à nous surprendre. Je ne sais plus où on était rendu exactement à la fin du tome précédent, mais là Sakamoto nous fait une ellipse temporelle, nous sert une situation inattendue et tous les mystères du tome sont construits via plusieurs niveau de flashbacks.
C'est un tome très réussi de la série puisqu'un peu moins sombre et sans le côté parfois un peu racoleur/too much que peut prendre la série. Comprenez par là qu'il n'y a pas de fan-service bidon sur un personnage féminin et les personnages secondaires m'ont semblé un peu moins connards qu'à l'accoutumé. Bon l'équipe d'alpinistes de 14 Moutain reste une belle équipe de bras cassés où tout le monde à un égo gigantesque et où l'esprit d'équipe est purement absent, mais ce tome est un peu plus sensible. Peut-être est-ce parce qu'au lieu de dominer la montagne, ils sont ici complètement à sa merci et ils baissent leurs défenses, deviennent vulnérables et donc plus touchants et intéressants.
Donc c'était très sympathique à lire, en plus les dessins de Sakamoto sont très bons avec des gros plans de visages souvent sublimes (et les 4 splash pages où Mori relève la tête sont géniales). [8]

Tome 9 : Encore un tome où l'on va de surprise en surprise. Décidément, Sakamoto aime prendre le lecteur au dépourvu ! Mais ce qui est bien avec ces surprises c'est qu'elles vont dans le bon sens. Il y a une belle qualité dans ce tome qui fait plaisir à voir, que ce soit dans cette partie cachée jusque là de l'expédition 14 Mountain dans les Alpes Japonaises ou dans dans toute la seconde moitié du volume.
Les personnages me semblent plus entiers, la noirceur de l'oeuvre un peu allégée et c'est agréable. En plus, pour ne rien gâcher, le manga est toujours aussi beau.
Franchement un bon tome, qui se lit très vite puisque la narration de Sakamoto est vraiment très décompressée, mais qui n'empêche pas de passer un bon moment de lecture. Et j'ai aucune idée d'où va nous amener la suite. [8]
arnonaud
7
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Créée

le 16 févr. 2014

Modifiée

le 19 juin 2014

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arnonaud

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