Une istwêre belch
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BD franco-belge de René Goscinny et Albert Uderzo (1979)
Je serai direct : pour moi, c'est sans conteste le meilleur album de la série, en tout cas c'est mon préféré, il est n° 1 dans mon top Astérix. Je le place pratiquement à égalité avec Astérix chez les Bretons qui est n° 2 et qui a la même note, peut-être aussi par nostalgie parce qu'il est plus ancien et que je l'ai lu enfant. Tout part d'une citation réelle de César puisée dans la Guerre des Gaules, qui n'était pas injurieuse envers les Celtes, mais sortie de son contexte, elle sert à Goscinny pour attiser la susceptibilité d'Abraracourcix, et ça suffit pour faire un excellent argument de départ.
Tout y est sur nos amis Belges, l'album est truffé de bons mots, d'allusions, de calembours, de citations célèbres détournées... Goscinny n'en rate pas une, c'est un festival de clichés, clins d'oeil, accent belge, allusions au plat pays de Jacques Brel (qui ici n'a que des oppidums pour uniques montagnes), à Hergé (via les Dupondt), aux brassicae (ancêtre des choux de Bruxelles), sans oublier le Manneken Pis, Eddy Merckx, les carabistouilles, les expressions typiquement belges ("alleï" ou "fieu"), les rivalités entre Wallons et Flamands à travers celle des Nerviens et des Ménapiens qui comme chez les Gaulois Celtes, faisaient partie d'un agrégat de tribus. Les tartines et la charcuterie sont bien évoquées (j'ai connu ça chez des amis de Liège, tout est vrai), sans oublier l'invention des frites, dont Gueuselambix se demande si ça n'irait pas avec des moules.
Le grand morceau de bravoure est la bataille contre César, avec en fil rouge une idée de génie qui montre que Goscinny connaissait bien les classiques : un pastiche d'un poème de Victor Hugo intitulé l'Expiation qui figure je crois dans la Légende des Siècles et qui recrée la défaite de Napoléon à Waterloo, il commence par ce vers célèbre : Waterloo ! Waterloo! Waterloo ! morne plaine. Il s'ensuit du hors-texte qui reprend les autres vers en les adaptant à Astérix, j'adore ce passage, il est moins compréhensible par les jeunes enfants, plutôt adressé aux adultes qui ont étudié la littérature, ce qui prouve que cette série avait une faculté de lecture à 2 niveaux.
Le crayon d'Uderzo est toujours aussi bien affûté avec sa représentation très digne de César (page 29 au Sénat et dans son camp face à Astérix), qui pourtant baisse dans ses citations (voir la réplique sur la brassica, et le Va voir chez les Belges si j'y suis). Il dessine une amusante Nicotine qui ressemble à Annie Cordy, ainsi que des tronches belges assez pittoresques, et réussit une belle parodie d'un tableau de Brueghel en fin d'album.
Un bel album donc, qui est le chant du cygne de Goscinny, et qui lui permet hélas de faire une sortie digne du grand auteur qu'il fut.
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Créée
le 3 oct. 2020
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