Voici l'un des grands albums de la série, qu'il est impératif de posséder. Les nombreuses années passées aux Etats-Unis ont permis à Goscinny de maîtriser parfaitement la langue anglaise, aussi, il se régale avec ses jeux de mots et astuces verbales qui sont un rendu extraordinairement drôle de ce peuple Breton (à ne pas confondre avec nos Bretons du continent). On sent qu'il prend plaisir à se livrer à une revue de détail désopilante de tous les clichés et références attachés aux Anglais : moustaches à l'anglaise, conduite à gauche, chars à impériales, sanglier bouilli, cervoise tiède, eau chaude à 5h, mesures complexes, rugby comptant pour le Tournoi des 5 Tribus, maisons alignées avec dedans "foyer, doux foyer", jardins à l'anglaise, flegme britannique.....et même une vision primitive de la Tour de Londres.
On sait qu'Astérix inventera plus tard la corrida en Hispanie, les frites en Belgique, ici, il se sert des feuilles d'une plante que Panoramix n'a pas eu le temps d'étudier et qui sont en définitive des feuilles de thé, beau clin d'oeil qui requinque les guerriers bretons de Zebigbos et ça permet de coller des baffes aux Romains. Parmi les scènes marquantes de cet album où Jolitorax, cousin d'Astérix sert de guide, on retient la saoulographie dans les caves du palais du gouverneur de Londinium, et le match de rugby dont Obélix réécrit involontairement les règles, il y a de bonnes idées, et Goscinny se sert encore une fois d'anachronismes volontaires pour renvoyer à notre société moderne.
Le dessin d'Uderzo n'a pas varié depuis Le Tour de Gaule, toujours rond et proche de l'affinage ; ses fonds de cases et ses couleurs sont parfaites. Au final, on a un album extrêmement réussi with a good sense of humour, c'est du pur bonheur, d'ailleurs c'est un de mes albums préférés (édition originale de 1966 en assez piteux état hélas suite à de multiples lectures), car il épingle les particularismes d'un peuple avec une très grande subtilité, Goscinny répétera ce procédé avec les Grecs, les Hispaniques, les Helvètes et les Belges, et même les Corses, mais je crois qu'ici, il dresse un inventaire pratiquement complet.