Quand nos Gaulois mettent un kilt… mais perdent un peu leur magie

Astérix chez les Pictes, tome 35 des aventures d’Astérix, c’est un peu comme un banquet sans bardes : l’ambiance est là, les éléments familiers aussi, mais il manque ce petit quelque chose qui te faisait dire "par Toutatis, c’est génial !". Jean-Yves Ferri et Didier Conrad reprennent le flambeau de Goscinny et Uderzo avec beaucoup de respect, mais pas toujours avec la même étincelle.


L’histoire envoie nos irréductibles Gaulois dans les terres brumeuses d’Écosse, ou plutôt chez les Pictes, ces guerriers tatoués et amateurs de kilts. L’intrigue, fidèle à la tradition, mélange voyage, quiproquos culturels et bons mots. On y retrouve un Picte échoué dans le village gaulois, des clans rivaux, et des clichés sur l’Écosse à la pelle. C’est sympathique, ça fait sourire, mais l’aventure manque parfois d’audace et d’envergure.


Le scénario de Ferri coche toutes les cases classiques : des jeux de mots, des anachronismes, et quelques piques bien placées. Mais si certains gags fonctionnent (les tatouages parlants, par exemple), d’autres semblent manquer de souffle. L’humour qui faisait mouche à chaque page dans les grands classiques est ici un peu plus poussif, comme si on avait peur d’aller trop loin ou de trop sortir des sentiers battus.


Côté dessin, Didier Conrad fait un excellent travail pour rester fidèle au style de la série. Les personnages, les décors, et les scènes de foule respirent le vrai Astérix. Mais cette fidélité irréprochable a aussi un revers : elle laisse peu de place à l’innovation graphique. Résultat, le tome semble parfois plus préoccupé par son devoir de respecter l’héritage que par l’idée de réinventer ou d’oser.


Le principal problème, c’est que l’ensemble reste trop sage. Là où Goscinny savait jongler entre satire sociale et aventure palpitante, Astérix chez les Pictes joue sur des bases déjà bien connues sans vraiment surprendre. Les Pictes sont amusants, mais manquent de profondeur ou d’un vrai rôle marquant dans l’histoire. Même les incontournables Obélix et Astérix paraissent parfois un peu sur la réserve.


En résumé : Astérix chez les Pictes est un retour honnête, mais sans éclat, pour nos Gaulois préférés. Si le respect de l’œuvre originale est indéniable, le tome peine à retrouver la magie et la malice des grandes heures de la série. Une lecture agréable, mais qui laisse un goût de potion un peu trop diluée. À lire pour le voyage en Écosse… mais sans trop espérer être transporté.

CinephageAiguise
6

Créée

le 25 nov. 2024

Critique lue 2 fois

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